Un groupe de 80 Pieds-noirs est attendu à Sidi Bel Abbès, ce vendredi, pour un séjour d'une semaine. Etablis dans le sud de la France depuis plus de quarante ans, la plupart sont natifs de la ville de Sidi Bel Abbès et des localités environnantes. L'amélioration de la situation sécuritaire contribue grandement, estime un des organisateurs de ce voyage, au retour de ces anciens Belabésiens vers leur terre natale. Certains effectuent le déplacement pour la seconde fois consécutive après la visite « inaugurale » de l'an dernier, indique Raymond qui, lui, affirme n'avoir jamais pu quitter le pays. Optant pour un circuit de voyage élaboré par une agence de tourisme locale, ils entameront leur séjour par une visite au cimetière chrétien de la ville, au quartier de Fillage Errih (ex-point du jour). Un cimetière livré depuis quelques années aux mauvaises herbes et qui offre, depuis, un aspect de désolation. Une situation que condamnent non seulement les parents et enfants de ceux qui y reposent, mais aussi les riverains de cette nécropole. Selon les dires d'un habitant du quartier, la dégradation passée sous silence de ce lieu de culte résulte d'une « démission collective » des élus, tenus pourtant par des accords bilatéraux de préserver cet endroit. La nécropole de la cité de la Mekerra, qui date du milieu du Xixe siècle, est l'une des plus importantes de l'ouest du pays et s'étend sur près de 2 ha. Subissant des actes de vandalisme répétitifs, le cimetière a été profané à maintes reprises. Au fond du cimetière, un carré a été en partie détruit par les crues de l'oued Mekerra, lors des inondations qui ont noyé la ville en 2001. La réalisation, en cours, d'une bretelle devant permettre de rallier le quartier de Fillage Errih à partir de la route d'Oran a causé, également, d'énormes dégâts au mur d'enceinte situé à l'extrémité du cimetière. Un pan entier du mur a été démoli lors des travaux de terrassement. Plus grave, de nombreuses sépultures ont été « visitées », des pierres tombales saccagées et des chapelles réduites en ruines. D'autres demandent à être nettoyées et rénovées. Plus qu'un cimetière, mais un repère pour la ville, « ce lieu peut être réhabilité et conservé dans son état, à condition que la commune s'occupe des lieux régulièrement », dit un habitant du quartier.