Les alentours de la plage de Bordj El Bahri se sont transformés, signalent-ils, en un immense cloaque. Des gens se sont vus obligés, s'indignent-ils, de traverser avec des felouques le boulevard principal de la ville. Un décor des plus désolants s'offrait alors aux riverains. Evoquant les raisons des inondations, les riverains n'ont pas manqué de tomber à bras raccourcis sur le « pseudo-promoteur » Ce dernier, à les en croire, leur fait mené « une vie dure » en « mettant la main » sur le chemin qui mène vers la mer. Ce promoteur, faut-il le rappeler, a entamé en 2003, le projet qui consiste, s'enorgueillit son initiateur, en l'aménagement d'un site de 4000 m2 avec, en prime, une allée de 180 m. Son coût a été estimé à quelque 10 millions de dollars, pour un délai prévisionnel de 2 ans. Un montage financier impliquant les ministères du Tourisme, de l'Environnement et de la Culture devait intervenir. Pas moins de 100 000 camions ont été utilisés pour ramener les « gravats » toujours visibles dans le périmètre du projet. Dans une pétition datée du 5 mai 2006 et dont nous détenons une copie, les signataires affirment que « les trois conduites d'évacuation des eaux pluviales ont été obstruées par les travaux de déblaiement entrepris par le promoteur du Projet Marina Palme ». « N'ayant pas reçu une concession sur l'ensemble de la plage, l'individu, acquéreur d'une villa située non loin de la Marina, a trouvé la parade en obstruant à deux de ses voisins - l'un d'eux élu à la chambre haute du Parlement - le passage à la mer. Des actions en justice ont été intentées contre lui, mais ce dernier a eu gain de cause », indiquent nos interlocuteurs. Emboîtant le pas aux premiers contestataires, les pêcheurs, dont le nombre avoisine les 20, déplorent cette situation. La mer a avancé de plusieurs mètres, menaçant notre gagne pain. Du fait de ce projet, les espèces qu'on péchait autrefois ont disparu. La plage dénommé la Cinq n'est plus qu'une mare putride. Les murs de soutènement des maisons d'à côté menacent ruine. Voulant conjurer le sort, un particulier a même installé des blocs de pierre devant sa maison donnant sur la plage », s'emportent-ils. Provocations Le promoteur est monté d'un cran dans la « provocation », assurent-ils. Ainsi, des convocations de la police leur ont été adressées après qu'ils eurent enlevés les pieux et les grillages qu'il a apposés autour de sa « propriété » qui s'étend sur quelque 500 m. « Des étrangers qu'il a fait venir d'Italie, d'Espagne et même de l'Emirat de Dubaï pour donner l'onction à ce projet se sont vite aperçus de la supercherie », attestent les contestataires. Une source à l'Apc de Bodj El Bahri, ayant requis l'anonymat, ne ménage pas le promoteur de ce projet qualifié d' « utopique ». « Du projet, tel que présenté initialement par une équipe d'experts pluridisciplinaires, nous ne pouvons que s'en réjouir », soutient-on. Toutefois, cet individu a « touché à l'écosystème de la région et du domaine maritime », se révise-t-on. Et d'ajouter : « Il a ramené des déblais d'un peu partout, alors qu'il aurait dû utiliser des matériaux plus coriaces. » Les récriminations retenues contre ce promoteur ne sont pas des moindres. « Bien qu'il ait reçu l'aval du ministère du Tourisme, dont le premier responsable s'est enquis du projet, nous lui avons demandé, pour notre part, de se conformer à la réglementation en vigueur en introduisant une demande de permis de construire. Celle-là faite, elle n'aura, en fin de compte, pas reçu l'aval de la direction de l'urbanisme (Duch) », indique-t-on « Cinq mises en demeure lui ont été adressées sur une période de trois ans. Deux lui ont été envoyées en 2003, deux autres en 2004 et la toute dernière en 2005. La subdivision de l'hydraulique avec qui nous avons effectué un déplacement sur place a fait de même », affirme-t-on. « Cela a eu l'effet escompté, puisque le promoteur a arrêté les travaux », dira-t-on, avant de se reprendre plus loin, en indiquant qu' « à chaque fois que l'Apc transige, il récidive ». Celle-ci, faut-il le rappeler, n'a pas mis à exécution ses menaces. Probables actions en justice ? Motus et bouche cousue. Le statu quo ne semble pas trop gêner les autorités communales. Sur l'apport dudit projet dans les événements, nos interlocuteurs « sans dédouaner » le promoteur insistent que le fait d'obstruer les conduites des eaux pluviales « y a participé pour une part ». Evoquant, en outre, les griefs de la population quant à « l'absence » de l'Apc, dénoncée par les habitants, l'on nous fera savoir que l'exécutif communale et les équipes de la protection civile était « sur la brèche ». « Dire que la coupure d'électricité de quelques minutes a touché la pompe et la station de relevage des eaux est erroné », signale-t-on. Administrations impotentes Au ministère du Tourisme, on s'en défend. Pour eux, le projet « tel que présenté initialement consiste en la transformation d'une vieille bâtisse en résidence touristique de R+4 d'une capacité de 88 lits en plus des magasins ». Et d'ajouter que, s'agissant du projet de la marina, il « n'est pas du ressort du ministère » du fait qu'il est situé « dans le domaine public maritime (DPM). Aussi, le ministère n'est-il pas concerné par les atteintes causées ». De son côté, le directeur de l'environnement, Sidi Moussa nous résumera le sentiment général prévalant dans l'administration de wilaya. Pour le directeur, le dossier de la Marina a été refusé par la wilaya qui l'a exhorté de se « conformer à la loi ». Une source à la direction de l'Urbanisme nous dira, sous le couvert de l'anonymat, qu'une première demande de permis de construire lui a été refusée. « Nos services n'ont pas donné de suite à une seconde demande faite par le même promoteur. Celui-là a procédé à des modifications », ajoute-t-on. Selon des indiscrétions, une inspection de la wilaya délégué de Dar El Beïda, accompagnée de gendarmes, s'est déplacé, le mardi, et a consigné un procès- verbal, nous indique-t-on.