Après que la capitale eut repris un tant soit peu de son attrait, la situation se dégrade de nouveau. Il n'y a pas un seul lieu qui ne soit infesté d'ordures et d'eau noirâtre, signe d'une déchéance consommée d'une capitale qui n'assume pas encore son statut. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à faire une virée du côté du « marché Tnach », dans la commune de Belouizdad, pour constater de visu l'anarchie, l'incurie et le laisser- aller qui y prévalent. Difficile pour le commun des mortels de se frayer un chemin dans les ruelles encombrantes et encombrées de ce souk. Les eaux usées qui « ruissellent » le long des chaussées ajoutent de la laideur à un décor fortement lugubre. Les riverains et autres passants sont contraints de faire de la gymnastique pour ne pas tomber nez en avant dans ces cloaques. La montée du mercure n'augure assurément rien de bon. Pour preuve, cet égout visible le long de la rue Bouguerfa, qui se trouve juste à l'entrée d'un immeuble, se déverse sur le boulevard Hassiba Ben Bouali. A l'intérieur du marché couvert, les conditions d'hygiène se sont encore plus détériorées. Certains commerçants ne se gênent aucunement pour obstruer les regards d'évacuation au mépris de toute mesure de sécurité. En conséquence, les personnes qui fréquentent ce marché endurent toutes les peines du monde à circuler au milieu de ces eaux usées croupissantes. Les agents chargés de la collecte des ordures ne daignent pas « lorgner » de ce côté. Quelques pâtés de maisons plus loin, les alentours du marché Rédha Houhou ne sont pas mieux lotis : des ruisseaux d'eau noirâtre coulent le long des trottoirs et incommodent les commerçants et les tenants d'échoppes. Les odeurs putrides se mêlent parfois aux volutes venant des gargotes. Même constat du côté du boulevard Amirouche, où des monticules de gravats jonchent les trottoirs après les travaux effectués à l'intérieur des immeubles et la réfection des trottoirs. Les habitants de la rue Belagoun (ex-rue Lullie) ont grandement souffert d'un égout qui découle d'un garage fermé au rez-de-chaussée de leur immeuble et qui se déverse sur la rue attenante. Ils se sont élevés contre cet état de fait. Pour ce faire, ils ont lancé SOS sur SOS sans qu'ils soient pour autant écoutés par les services d'hygiène censés intervenir. La seule consolation est venu d'un opérateur privé, Tonic en l'occurrence. Cette entreprise spécialisée dans la fabrication du papier a installé pas moins de dix collecteurs, dans les différents marchés de la capitale. A Haï Souachet, dans la commune de Bordj El Kiffan, les immondices et les égouts à ciel ouvert sont omniprésents. Des odeurs nauséabondes infestent tous les coins et recoins de cette localité. A l'entrée de ce quartier délabré, à proximité du château d'eau de Benzerga, des dizaines de sachets noirs, des carcasses de voitures et des débris de ferrailles pullulent sur les abords d'un oued pollué. C'est le cas aussi à Kahouet Echergui, à l'entrée de la commune côtière de Bordj El Bahri, où des tonnes d'immondices s'amoncellent par-ci et par-là. Ici, les gens ont l'impression que la vie s'est arrêtée un certain 21 mai 2003, lors du tremblement de terre qui a lourdement affecté cette région : des débris de matériaux de construction jonchent la chaussée. Des égouts se déversent également à même la rue. Par ailleurs, à la cité Sellier, quartier chic de Hydra sur les hauteurs d'Alger, des sacs contenant des débris de matériaux de construction sont disposés sur les trottoirs, donnant une image des plus détestables à celui-ci. Des espaces « verts » n'ont de vert que le nom puisque délaissés par les services concernés. Ben Aknoun, sur les hauteurs d'Alger, n'est pas en reste, puisqu'un égout a éclaté du côté de la rue Mustapha Khallef. Une cave d'un des immeubles de la cité Ahssen Mahiouz est inondée. Ce qui fait craindre la propagation de maladies aux résidents. Un programme de travail a été lancé par l'entreprise de collecte d'ordures ménagères (NetCom) à l'effet, soutient-on, de maintenir un seuil optimal de salubrité dans la capitale. Le programme prévoit d'augmenter le nombre de rotations et le renforcement de son dispositif d'intervention dans les lieux fréquentés pendant la saison estivale. L'entreprise Asrout, chargée de l'assainissement des routes, s'échine vainement à nettoyer les chaussées. Toutes ces actions restent toutefois insuffisantes devant l'ampleur de l'insalubrité. Les habitants constatent toujours des carences en dépit des efforts des différents programmes initiés par l'EPIC, en coordination avec les services communaux. « Nous avons réaménagé notre travail de nuit à la suite de l'entrée en vigueur du plan de circulation dans la capitale. Il nous faut beaucoup plus de matériel pour collecter les ordures. Nous comptons acquérir, prochainement, des microbennes d'une capacité de 2 t », a souligné Hakim Adellani, chef du département logistique et maintenance de NetCom. « Notre plus grand problème reste le citoyen qui ne respecte pas les horaires et la manière de conditionner les déchets, obligeant les éboueurs à travailler à la pelle et ce, malgré nos campagnes et initiatives à travers les médias », a-t-il conclu.