Le nouveau ministre du Développement industriel et de la Promotion de l'investissement s'attelle à préparer la prochaine tripartite qui mettra face à face, le 3 octobre prochain, le gouvernement et ses partenaires économiques et syndicaux. Dans ce cadre, il a organisé, jeudi, une réunion de concertation avec les organisations patronales et l'UGTA. Fraîchement installé au département stratégique de l'industrie, Amara Benyounès ouvre d'ores et déjà un des dossiers les plus importants laissés en héritage par Cherif Rahmani. Il faut dire qu'à quelques semaines de la tenue du rendez-vous économique le plus important de la rentrée, M. Benyounès a à peine le temps de réviser la copie entamée par son prédécesseur et d'y imprimer sa vision et son style. Sur ce plan, il donne déjà quelques indices en mettant l'accent sur l'urgence de se doter d'«une véritable politique de développement» en appelant «les entreprises publiques à ne plus compter sur l'Etat, mais sur leur compétitivité». Face aux préoccupations exprimées par les patrons et la centrale syndicale lors de la rencontre organisée par son département, M. Benyounès a également assuré de la volonté du gouvernement d'assainir l'environnement économique de l'entreprise, d'améliorer le climat des affaires et d'alléger les procédures administratives pour encourager la liberté d'entreprendre. Des promesses maintes fois réitérées par ses prédécesseurs sans être suivies d'avancées tangibles sur le terrain. Il faut dire que la question du climat des affaires est abordée depuis une quinzaine d'années dans le discours politique sans qu'elle soit suivie d'actions concrètes sur le terrain économique. L'instabilité chronique à la tête du département – qui vient en plus de changer d'appellation – et le changement d'orientation et de réglementation se traduisent malheureusement par la stagnation de ce secteur-clé qui est toujours en mal d'investissements et de relance réelle. Les discours qui n'ont cessé de résonner à la tribune de ce département n'ont permis ni la relance du secteur public, malmené depuis des décennies, ni la mise sur rails du partenariat public-privé tant chanté depuis quelque temps et encore moins un réel enclenchement de l'investissement étranger qui apparemment se mesure plus, au sens des responsables politiques, au nombre des délégations qui transitent par l'aéroport d'Alger qu'aux nombre des contrats signés et suivis réellement d'effet en termes de production et de croissance pour le secteur. En espérant la relance promise, les partenaires du gouvernement réitèrent à leur tour leurs doléances. Lors de la réunion avec le ministre du développement industriel, le président de l'Union nationale des investisseurs (UNI), Abdelwahab Rahim, a appelé les pouvoirs publics à alléger davantage les procédures administratives relatives à l'acte d'investir. «L'administration doit encourager l'acte d'investir et la relance de la croissance», a-t-il dit. Le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Réda Hamiani, a suggéré, quant à lui, de «fiscaliser» les importations et d'élargir les listes négatives soumises aux partenaires commerciaux de l'Algérie pour tenter de limiter les importations. Le président du FCE a, en outre, recommandé de réviser les statuts de l'Agence nationale du développement de l'investissement (ANDI) pour renforcer ses missions en matière d'accompagnement des investisseurs mais surtout «consacrer la liberté de l'acte d'investir». Evoquant le foncier industriel, M. Hamiani a proposé au gouvernement de restaurer «l'accès à la propriété du foncier au profit des investisseurs» ayant effectivement contribué à la création de la richesse. De son côté, le président de l'Union nationale des entrepreneurs publics (UNEP), Ali Slimani, a demandé au gouvernement de régler «définitivement» la question de la dépénalisation de l'acte de gestion et de revaloriser la rémunération des cadres dirigeants des entreprises publiques économiques. Le président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), Mouloud Kheloufi, a, de son côté, souhaité voir les autorités algériennes inclure les sociétés opérant dans le secteur du BTPH dans les dispositifs de mise à niveau des entreprises ainsi que dans le programme de création de nouvelles zones d'activité industrielles. Par ailleurs, le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdelmadjid Sidi Saïd, a insisté sur l'importance de la relance du secteur industriel national. «Le défi est de réinjecter nos ressources financières dans le secteur de l'industrie qui va relancer tous les autres pôles de l'économie», a déclaré Sidi Saïd. Face à toutes ses préoccupations, M. Benyounès a notamment assuré ses partenaires de sa bonne volonté pour lever «les contraintes économiques et les entraves rencontrées par les PME», promettant «une réponse prochainement».