Lakshmi Mittal, le patron du groupe mondial ArcelorMittal, sera le 5 octobre prochain à Alger. Il fera le déplacement depuis son quartier général à Londres avec une délégation de son groupe pour la signature du nouveau pacte d'actionnaires avec le groupe public Sider. C'est ce que nous a révélé Smaïl Kouadria, député PT et ex-secrétaire général du syndicat d'ArcelorMittal Annaba. La cérémonie de signature sera présidée par Abdelmalek Sellal au siège du ministère du Développement industriel et de la Promotion de l'investissement, précise un haut cadre de ce ministère. Cet accord stratégique entre ArcelorMittal et Sider intervient après que le Conseil public économique (CPE) eut validé le dossier mercredi dernier. Il prévoit un plan d'investissement de 763 millions de dollars destiné au complexe sidérurgique de Annaba et aux mines de Ouenza et Boukhadra. «L'accord vise à plus que doubler la capacité de production de l'usine portant les capacités de production d'un million de tonnes à 2,2 millions de tonnes par an en 2017. Il prévoit également une réduction de la participation d'ArcelorMittal dans le capital d'ArcelorMittal Annaba et ArcelorMittal Tébessa à 49% ainsi qu'une augmentation au capital de la partie algérienne à 51% dans les deux entreprises», confirme le groupe ArcelorMittal dans un communiqué rendu public hier simultanément à Annaba, Luxembourg et Londres. De son côté, Michel Wurth, membre de la direction générale du groupe ArcelorMittal et directeur «monde» des produits longs a déclaré : «Nous sommes satisfaits de cet accord stratégique conclu avec Sider, avec qui nous entretenons d'excellents rapports de collaboration. Cet accord permet à ArcelorMittal de réaffirmer son engagement à jouer un rôle-clé à long terme en Algérie sur le marché des produits sidérurgiques, y compris dans les mines. Nous sommes maintenant prêts à mettre en place le plan dans l'intérêt de tous et du pays.» Le plan d'investissement sera financé par apports en fonds propres des actionnaires ainsi que le recours au financement bancaire. Ce projet permettra d'assurer un avenir à long terme pour l'usine de Annaba et les mines de Ouenza et Boukhadra (Tébessa). Il est prévu de moderniser la filière fonte d'El Hadjar par la rénovation complète du haut fourneau ainsi que les installations de préparation matières, aciéries et laminoirs existants. Il est aussi prévu la construction d'une nouvelle filière électrique (four électrique et coulée continue billettes) ainsi que le renforcement des capacités aval avec l'implantation d'un nouveau laminoir de rond à béton et de fil machine d'une capacité d'un million de tonnes/an. « L'investissement permettra à ArcelorMittal Annaba de mieux répondre à la demande intérieure croissante sur les produits sidérurgiques et de contribuer positivement à l'objectif du gouvernement de promouvoir l'autosuffisance en acier», estime la même source. L'accord comprend un plan important de développement des ressources humaines, en particulier au travers de formations intensives destinées aux employés afin de s'adapter aux nouvelles technologies prévues pour le site. Le plan d'investissement est adossé à un pacte de stabilité sociale signé avec les partenaires sociaux. Sur le plan juridique, maître Khelifa Bouter, notaire spécialiste en la matière, a déclaré à El Watan : «Cette prise de contrôle de la société ArcelorMittal va entraîner, outre les prérogatives dévolues à l'actionnaire local disposant d'une majorité se situant à hauteur de 51%, détenue seul ou en addition avec d'autres rattachés au secteur public, un changement de la composante de son conseil d'administration, lequel devra refléter la nouvelle détention du capital social. Son passage à la forme d'entreprise publique économique (EPE) est régi par le code de commerce et les dispositions de l'ordonnance 01-04 du 20 août 2001, dotée d'un statut de société par actions (SPA) à capitaux mixtes. L'ouverture du conseil d'administration à un représentation des travailleurs salariés, au sens de l'article 05 alinéa 0, de l'ordonnance 01-04 du 20 août 2001 relative à l'organisation, la gestion et la privatisation des entreprises publiques économiques. La procédure qu'il convient de diligenter, en termes d'élaboration des documents juridiques – de leur suivi et de leur publication – gagnerait à être soutenue par des professionnels qualifiés en droit d'entreprise, en conformité des résolutions adoptées par le Conseil de participations de l'Etat, saisi du dossier.» Très au fait de ce dossier, Smaïl Kouadria s'exprime sur le plan managérial : «Le conseil d'administration (CA) sera présidé par un Algérien avec attribution de sélectionner les propositions d'ArcelorMittal en matière de management. Il a la charge de sélectionner les administrateurs et le staff dirigeant des opérations du complexe dont le directeur général (DG) et le directeur des ressources humaines (DRH). Cette opération qui a été concrétisée à titre gracieux est un élément capital dans la stratégie sidérurgique en Algérie. D'autant plus que les besoins d'acier en Algérie sont estimés à 5 millions de tonnes en 2020 et 8 millions de tonnes en 2030.» Ainsi, le choix du groupe ArcelorMittal de céder 21% de ses actifs (70%) à son partenaire minoritaire Sider (30%) est motivé, selon Me Bouter, par les difficultés et l'endettement de la société qui va donc devoir s'appuyer à la fois sur un plan de «continuation» de l'entreprise, lui évitant d'être éligible aux dispositions de l'article 715 bis 20 du code de commerce, et sur un investissement conséquent auquel les actionnaires seront appelés à répondre soit par des apports en fonds propres ou au moyen d'un crédit bancaire dans des proportions inégales.