L'Oréal est accusé de discrimination à l'embauche en refusant de recruter des Arabes pour une de ses campagnes de publicité. Des amendes de principe ont été requises jeudi contre la société de travail temporaire Adecco, une de ses filiales et les laboratoires Garnier, accusés de discrimination à l'embauche pour des opérations promotionnelles. Adecco, son ancienne filiale Districom et Garnier (groupe l'Oréal), ainsi que trois cadres de ces sociétés, se sont défendus de toute « discrimination en raison de l'origine, de la nationalité ou de l'ethnie » et « refus d'embauche », devant la 31e chambre correctionnelle de Paris. En 2000, Districom était sous contrat avec Garnier afin de recruter du personnel pour des opérations promotionnelles sur des produits capillaires de la gamme Fructis. Districom avait précisé dans un fax que les animatrices devaient être « BBR » (bleu, blanc, rouge). Partie civile dans le dossier, l'association SOS Racisme a appuyé sa plainte sur ce fax ainsi que sur des témoignages d'anciens employés de Districom, principalement d'une ancienne chargée du recrutement pour l'opération Fructis, Christine Cassan qui a fait état de consignes du client exigeant des animatrices françaises ou blanches. Pour cette employée, licenciée pour faute grave par Districom, « la consigne BBR signifiait « pas d'étrangers ». Refusant de se plier à ces consignes, elle s'était vu répliquer par sa supérieure hiérarchique : « Y en a marre de Christine et de ses Arabes ». « On m'a dit que Garnier était un gros client et qu'on ne pouvait pas aller contre ce qu'il voulait », a expliqué Christine Cassan. La directrice adjointe récuse toute accusation de racisme et affirme que « BBR » signifie que la candidate doit parler français. Le directeur général de Garnier France, Laurent Dubois, a assuré que sa société n'a « jamais donné d'instruction sur l'origine raciale ». Le groupe l'Oréal « a fait de la diversité quelque chose d'important », en outre le produit en question était « multiethnique » et « visait toutes les communautés ». Le procureur a réclamé « des peines d'amende de principe » contre tous les prévenus, qui encourent 3 ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende.