L'insalubrité envahit la ville intra et extra muros, la submerge, et entre maintenant dans la maison. Pis encore, l'homme, paresseux, a fini par s'y habituer. Que de grands ballots d'ordures ! Des dizaines de ballots en plastique pleins de déchets ont été jetés il y a peu par-dessus la balustrade dans l'espace forestier situé entre l'avenue Aouati Mostefa et celle Rabah Bitat. Tout cet espace en pente allant de la place Colonel Amirouche (ex-La Pyramide) jusqu'à la place de l'ONU, plus connue par El Fedj, est bel et bien devenu un dépotoir à ciel ouvert. C'est consternant ! Une décharge immonde où se côtoient toutes sortes d'ordures : bouteilles en plastique, canettes et une quantité impressionnante de sacs-poubelles noirs, fermés pour la plupart et alignés le long des arbres. Un vrai crime écologique, commis au vu et au su de tous, dans l'indifférence générale. Il n'y a qu'à voir d'ailleurs l'aspect presque moribond de ces arbres, centenaires pour la plupart. Le plus grave surtout, c'est le laisser-aller des autorités communales. «Quand on arrive à un tel stade d'incurie, on ne mérite plus la confiance des administrés», faisait remarquer, ce vendredi, un homme choqué par le spectacle qui s'offrait à lui de l'autre côté de la balustrade. Tous ceux qui ont l'habitude de se pencher sur ce parapet, - pour admirer la vue imprenable du rocher et du pont Sidi Rached- ont été offusqués par cette nouvelle agression de l'environnement caractérisée. Il faut avouer, à l'instar de ce citoyen, que la gestion de la commune des déchets ménagers est désastreuse. Preuve en est encore que toute la ville croulait sous les ordures ce vendredi, troisième jour de l'Aïd El Adha. La puanteur émanant des restes des bêtes sacrifiées était présente partout; toutes les bennes débordaient sur les trottoirs, avec des écoulements nauséeux, formant ça et là des cloaques poisseux. Ceci concerne le centre-ville, censé être la vitrine du Vieux rocher, qu'en est-il des quartiers périphériques ? Où sont les promesses de l'APC, faites en grande pompe en début d'année, de faire de Constantine «une ville propre»? Où est le suivi tant prôné ? «Quand on fait des promesses, il faut y croire soi-même, il ne faut pas juste les faire dans un esprit démagogique ; ils s'en fichent éperdument du citoyen et de la ville, ils sont venus dans le but de se servir le plus possible, le temps d'un mandat ; là on comprend, ils n'ont pas le temps de s'occuper du confort des habitants», persiflent des passants. «Jamais la ville n'avait encore atteint ce degré de saleté, c'est honteux», s'insurgent des citadins. Y aura-t-il un sursaut d'orgueil pour sauver cette cité millénaire du marasme ?