La grève entamée le 7 octobre dernier par le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest-Elargi) se poursuit. Hier encore, les cours ont été perturbés dans de nombreux lycées du pays, tandis que ce syndicat se prépare pour un autre rassemblement prévu mercredi. Le malaise des lycéens commence à se manifester, notamment chez les élèves des classes de terminale. Certains élèves étudient une seule matière essentielle sur trois. Alors que le dialogue entre le Cnapest-Elargi et sa tutelle a échoué, le mouvement de grève gagne du terrain dans certaines wilayas. «Dans les wilayas de Boumerdès, Bouira et Laghouat, notre action s'est étendue aux cycles moyen et primaire», déclare Nouar Larbi, coordinateur national du Cnapest-Elargi. A titre d'exemple, d'après les chiffres communiqués par ce syndicat, la grève dans la wilaya de Laghouat a été suivie à 90% dans le secondaire, tandis qu'au niveau du moyen, le nombre de grévistes a atteint les 40%. Dans le primaire, la grève a été suivie à 30% seulement dans cette wilaya. Questionné sur les raisons de cette grève dont des enseignants considèrent qu'elle concerne certains individus et non pas l'ensemble des enseignants, le coordinateur du Cnapest -Elargi affirme qu'«un syndicat qui ne peut pas défendre ses membres ne peut pas défendre l'ensemble des travailleurs». Et de poursuivre : «Lorsqu'on touche à un membre du syndicat, ce geste est d'abord une atteinte au libre exercice du droit syndical.» Nouar Larbi rappelle, à cette occasion, que 31 membres du Cnapest sont poursuivis en justice, dont 19 à Constantine, 10 à Bouira et 2 à Chlef. Bien qu'au niveau de la capitale le débrayage ne soit pas suivi dans tous les établissements du secondaire, l'action du Cnapest n'est pas sans conséquence sur le déroulement des cours. «Il y a deux enseignants qui assurent les cours normalement. Les autres sont tous en grève», déclare une élève de première année à la sortie du lycée El Idrissi (Alger). Les non-grévistes sont des contractuels que cette élève appelle les «nouveaux enseignants». Son camarade, en deuxième année scientifique, affirme que sur 10 enseignants, il n'y en a que 4 qui travaillent. Cet adolescent semble conscient de l'impact de la grève. «La grève engendre du retard qui s'accumule. Au fil des années, nous sortirons du lycée avec un niveau très bas», conclut-il. Mais, la grève pour lui reste une solution pour la surcharge des cours qu'il subit. «Nous avons trois jours par semaine très chargés. Nous travaillons de 8h à 17h30. En plus, il n'y a aucune possibilité d'allègement des horaires», estime ce lycéen. La grève, quelle que soit la partie qui l'adopte, reste donc le seul moyen pour l'allègement des programmes tant réclamé. «Cela nous arrange, surtout pour les compositions», avoue ce lycéen. Les parents d'élèves exaspérés à l'est du pays Selon l'APS, cette grève suscite une vive exaspération chez les parents d'élèves à l'est du pays, certains n'hésitent pas à parler de «prise d'otages» concernant leurs enfants. Plusieurs établissements, en particulier du palier secondaire, ont, selon la même source, une nouvelle fois renvoyé les élèves. Les chiffres liés au taux de suivi du mouvement restent extrêmement disparates selon qu'ils proviennent de l'administration du secteur ou du syndicat. Mais l'inquiétude des parents, poursuit l'APS, rend compte du malaise de leurs enfants. Dans la wilaya de Annaba, où la direction de l'éducation reconnaît un taux de suivi global de 11,46%, le Cnapest avance, par la voix de ses représentants, les chiffres de «près de 90 % dans le cycle secondaire et 35% dans le moyen». Les mêmes écarts sont observés à Sétif, où la direction du secteur affirme que le taux de suivi de la grève est de 20,05%, au moment où le syndicat soutient que le mouvement est suivi à 64%. Alors qu'à Constantine, le Cnapest avance un taux de suivi de 85% (en l'absence de communication de l'administration du secteur), à Batna, le suivi de la grève est estimé à 11,31% par la direction de l'éducation et à 91,35% par le syndicat. Dans la wilaya de Jijel, le taux de suivi du mot d'ordre de grève est en «constante augmentation», selon le coordinateur de wilaya de ce syndicat, Amar Boudjadj, qui estime à «70% le suivi de la grève dans les établissements de l'enseignement secondaire». De son côté, la direction de l'éducation affirme, par la voix de son chargé de communication, que la grève est suivie à 22,51%.