«On n'a pas encore commencé les cours. L'administration n'a affiché le programme qu'hier seulement», témoigne un étudiant en deuxième année de management à l'université Alger 3 de Dély Ibrahim. Le petit groupe d'étudiants approché explique ce retard par les travaux de réhabilitation des amphithéâtres. «Plusieurs amphis sont indisponibles pour le moment. Les travaux sont encore en cours, on ne peut donc pas commencer à étudier», argumente l'un d'eux. Sur les lieux, au niveau de l'amphi D, des ouvriers s'échinent à terminer l'isolation et la peinture du bloc. «ça sera fini dans deux ou trois jours», assure le jeune travailleur. Dans la précédente édition d'El Watan étudiant, la rédaction relevait le retard pris pour la rentrée effective enregistré dans la quasi-totalité des établissements d'enseignement supérieur. Pour Alger 3, cet ajournement est-il dû à des problèmes de réfection du bâtiment tel qu'évoqué par les étudiants ? L'administration de l'université réfute catégoriquement cette assertion. «Les travaux de réfection des dix amphis ont commencé en juillet. Ils devaient s'étaler sur quatre mois et il ne reste qu'un seul amphi en chantier. Tout était prévu et la programmation des cours a pris en considération cette donne. Donc, l'argumentation des étudiants ne tient pas la route», affirme Ali Abdellah, le vice-recteur de l'université. Ce dernier accuse ouvertement les étudiants qui «refusent d'intégrer les salles de classe». Le même discours est desservi systématiquement par tous les responsables des universités. Du côté des étudiants, on reste unanime, l'administration est l'unique responsable. «Il ne faut pas cacher l'évidence. Les étudiants d'aujourd'hui fixent eux-mêmes et à leur gré les dates du début et de la fin des cours. On ne peut quand même pas leurs imposer de rentrer», s'offusque le vice-recteur en dénonçant ce qu'il qualifie d'«un nouveau phénomène». «Le lancement officiel des cours était affiché pour le 15 septembre dernier. Le 23 septembre, ils ont réellement débuté. Les premières années ont intégré leurs groupes, il ne reste que les 2e et 3e années, ils commencent juste à intégrer les classes après la fête de l'aïd et c'est le cas dans presque toutes les facultés d'Alger 3», assure Ali Abdellah. Le doyen de la faculté des sciences économiques abonde dans le même sens : «Je peux vous montrer au moins une vingtaine de PV signés par des enseignants constatant des absences collectives des étudiants», assure Dr Tayeb Yacine. Le doyen avoue que les tâches administratives liées à la rentrée universitaire handicapent le lancement des cours. «Maintenant, on est en pleine gestion des concours de magister, des masters et des doctorats. Mais le plus lourd à gérer reste la grande liste des dossiers des transferts des étudiants. Ils s'agit de plusieurs centaines de cas», explique-t-il. Mais cela n'a pas empêché, selon lui, que la programmation des cours soit respectée. Mais dans les faits, mis à part les groupes de 1re année, les étudiants des autres paliers traînent dans l'enceinte universitaire. Alors, rentrée ou pas ? Personne n'est en mesure de répondre à la question qui reste comme à chaque rentrée le grand mystère de l'université algérienne. «Je suis étudiant en deuxième année, mais quand j'arrive et trouve l'amphithéâtre vide, je ne peux pas m'asseoir et regarder le tableau noir !», s'étonne l'étudiant en management. «La rentrée universitaire a toujours débuté dans ces conditions. Il y a le lancement officiel et celui réel qui dépend de nombre de paramètres», explique un enseignant. Mais quelles conséquences pour cet ajournement ? «On arrange la programmation en fonction des réalités. Il y a aussi les grèves qui peuvent s'annoncer à n'importe quel moment. Donc, on s'arrange. On travaille les samedis et on adapte les horaires. Ce n'est pas nouveau», tempère-t-il avec amertume.