Les principales victimes des violences policières, allant jusqu'à l'homicide, sont les musulmans et les minorités visibles, note Amnesty International. En clair, les Maghrébins et les Africains, les Arabes et les Noirs. L'impunité des policiers est totale. Le rapport d'Amnesty international sur la situation des droits de l'homme est accablant pour la France. Les musulmans et les Africains sont les principales cibles. L'organisation dénonce la poursuite des brutalités policières, l'impunité des forces de l'ordre, les mesures liberticides prises au nom de la lutte contre le terrorisme et les atteintes au droit d'asile. Selon ce rapport, les homicides racistes imputables à la police ne sont pas des cas isolés. La tendance n'a fait que s'accroître depuis dix ans. « Un rapport d'Amnesty International a démontré que les mauvais traitements et les homicides racistes imputables à la police depuis dix ans n'étaient pas des cas isolés et que les auteurs présumés de tels actes n'étaient pas toujours amenés à rendre compte de leurs actes devant la justice. Le racisme des policiers et d'autres agents de l'Etat visait les personnes de confession musulmane ou issues d'une minorité ethnique », note l'Organisation. « Le racisme des policiers et d'autres agents de l'Etat vise les personnes de confession musulmane ou issues d'une minorité ethnique. Principalement originaires du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne », précise Geneviève Sévrin, présidente d'Amnesty France. Amnesty se base sur une étude publiée en avril 2005 et portant sur les 10 dernières années dans laquelle, sur 30 cas analysés, 18 sont des procès qui n'ont pas abouti ou ont donné lieu à des peines purement formelles. Le ministère de l'Intérieur demeure sourd aux appels répétés de l'Organisation. Patrick Delouvin, responsable du pôle action sur la France, déplore que lorsque ce type d'alerte est envoyé au ministère de l'Intérieur, « on nous dit : ‘‘vous vous trompez complètement, circulez, il n'y a rien à voir et on met en avant les policiers blessés ou tués'' ». « Le fait que le gouvernement continue à ne pas répondre à ces violations a créé un climat d'impunité pour les forces de l'ordre, indiquait le rapport. Il en résultait une justice ‘'à deux vitesses'' dans la mesure où les plaintes déposées par les policiers étaient instruites plus vite que celles des victimes de violences policières. Dans leur grande majorité, ces affaires concernaient des étrangers ou des Français d'origine étrangère », s'inquiète Amnesty International. Une hausse de 38% des plaintes déposées pour violences policières (97 en 2004 contre 70 en 2003) a été signalée au mois d'avril dernier par la Commission nationale de déontologie de la sécurité. Dans un tiers des cas, les violences étaient considérées comme manifestement racistes. A propos de l'état d'urgence décrété lors des émeutes de novembre et datant de la guerre d'Algérie, Amnesty note qu'il a « créé un terrain favorable pour des risques de violences policières ». « Ce n'est pas en faisant fi du droit et en étant dans des attitudes discriminantes que l'on résoudra des conflits dont les sources sont beaucoup plus profondes qu'une volonté de mettre le feu ou de tout casser », souligne Geneviève Sévrin. L'organisation s'inquiète aussi de la loi votée en décembre. Certaines des dispositions sont « liberticides », notamment la prolongation de la garde à vue à 6 jours sans contrôle. Le rapport souligne que cette loi « supprime ainsi des garanties contre le recours à la torture et les mauvais traitements et renforce l'impunité de fait des agents de la force publique ».