Un vaste incendie s'est déclaré, hier, dans la zone réservée au fret de l'aéroport international Atatürk d'Istanbul, faisant trois blessés et suscitant un mouvement de panique du personnel qui a cherché à quitter les lieux précipitamment. Il a été maîtrisé par les nombreuses équipes de pompiers déployées assez rapidement sur le lieu du sinistre. Les colonnes de fumée noire ont cédé la place à des nuages de fumée blanche sur les images diffusées par les différentes chaînes de télévision qui ont dépêché des envoyés spéciaux, venus en force couvrir l'événement, montrant également le ballet incessant de deux avions de lutte contre les incendies larguant des tonnes d'eau sur les flammes. « Il n'y a pas de pertes humaines mais d'importants dégâts matériels », a commenté le gouverneur Muammer Gùler, cité par Anatolie, évoquant des effondrements dans les entrepôts. Les flammes, au comble de leur fureur, ont dévoré une partie de l'infrastructure aéroportuaire. Tous les avions ont été éloignés de la zone de danger par crainte d'assister à une autre catastrophe. Par principe de précaution, plusieurs vols ont tout de même été orientés vers le deuxième aéroport de la ville, Sabiha Gökcen, situé sur la rive asiatique. L'incendie s'est déclaré dans une zone de 100 000 à 150 000 mètres carrés et a été attisé par le vent, mais il n'a pas créé de problème au niveau du terminal, car le vent soufflait dans la direction opposée, vers la mer. Selon les premières informations, l'incendie aurait pour origine un court-circuit. Les autorités semblent écarter pour le moment la thèse d'un attentat. Cependant la réalité risque de confirmer cette piste, puisque quelques heures après que l'incendie se soit déclaré, un groupe armé kurde (les Faucons de la liberté) a revendiqué un « sabotage » de l'aéroport. « Le sabotage est une réponse aux politiques de massacres poursuivies par l'Etat turc contre les Kurdes », ont affirmé les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK) dans un message électronique adressé à l'agence Firat. Le groupe souligne que ses actions se poursuivront « tant que les politiques d'extermination de l'Etat turc contre les Kurdes seront en vigueur ». Les autorités turques estiment que les Faucons de la liberté du Kurdistan sont une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation séparatiste interdite et considérée comme terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne. Le PKK, pour sa part, dément tout lien avec le TAK. Ce dernier, qui a promis de s'en prendre au tourisme turc, a déjà revendiqué par le passé plusieurs attentats à Istanbul, notamment. Le plus meurtrier d'entre eux a fait cinq morts, dont une touriste britannique et une adolescente irlandaise, en juillet 2005 dans la station balnéaire de Kusadasi (ouest). L'aéroport est le plus grand de Turquie. Il est situé dans la partie européenne de la première métropole turque, peuplée de 12 millions d'habitants.