Millau, c'est un petit village perdu au sud du massif central. Un paysage idyllique que son pont, véritable prouesse technique, a rendu célèbre dans le monde entier. C'est aussi une terre de combat, le centre, il y a déjà 40 ans d'une opposition populaire à l'extension du camp militaire du Larzac, qui a servi, pendant la guerre d'Algérie, de lieu d'internement des militants de la cause algérienne. C'est dans ce village que se tient jusqu'au 15 novembre une exposition de photographies sur l'Algérie. Le photographe Marc Garanger expose, dans le cadre d'un événement dénommé «Photofolies», le mois de la photo en Aveyron. Là où on parle de tourments, c'est que Marc Garanger avait pris, lors de son séjour forcé en Algérie sous le drapeau colonial, nombre de clichés de l'Algérie en guerre. Embarqué comme de nombreux jeunes Français à ce moment-là, il se retrouve à s'occuper dans sa caserne à faire des photos d'identité de soldats. Photographe de métier, il avait laissé traîner des épreuves. Le stratagème fonctionna, puisqu'il eut ce travail, loin de l'engagement guerrier honni. Le reste du temps, il mitraille non pas avec une arme, mais avec son appareil photo. Il fit des milliers d'images. A son retour, il réussit à publier ses photos. Quelques-unes avaient pu être publiées pendant le conflit en Suisse, alors qu'il était en permission, sans que l'armée n'en sache rien. En 2004, pour le cinquantième anniversaire du déclenchement de la guerre, le journal Le Monde lui demande de retourner en Algérie sur les lieux d'un combat qu'il refusait, mais pour lequel il était parti contre son gré. Il retrouva les lieux et les personnes, et il prend des images de l'Algérie libre, avec ses beautés et ses misères, sa grandeur et ses soucis. Un parcours passionnant pour ce photographe épris de paix.