Le président de la république arabe sahraouie (RASD), Mohamed Abdelaziz, a sollicité une intervention « urgente » du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, afin d'intercéder auprès de l'Union européenne (UE) pour l'amener à exclure « les eaux territoriales sahraouies » de l'accord de pêche signé avec le gouvernement marocain. Le SG du Front Polisario prévient Annan dans une lettre qu'il lui a adressée mercredi dernier que cet accord « secrète les germes d'instabilité et hypothèque lourdement les possibilités de paix et l'application de la légalité internationale ». L'accord, adopté le 15 mai dernier par l'UE, selon Abdelaziz, « n'a aucune base légale » et « conforte le Maroc dans son attitude négative d'intransigeance et son refus d'appliquer les résolutions internationales ». Le SG du Front Polisario estime que l'UE commet « une erreur grave » et « entreprend une démarche en totale contradiction avec le droit international » en prévoyant dans des clauses de l'accord l'exploitation des ressources naturelles du Sahara-Occidental. Selon l'accord UE-Maroc, qui couvre une période de quatre ans, 119 bateaux européens (dont 100 pour l'Espagne) pourront opérer au large des côtes marocaines pour pêcher jusqu'à 60 000 tonnes de poisson par an. L'UE versera en échange une compensation financière d'environ 163 millions d'euros pour toute la période, dont 148 millions versés par le budget communautaire et 14 millions par les pêcheurs. L'accord stipule l'inclusion de « la côte Atlantique » qui est un territoire non autonome, dont la décolonisation reste à faire par l'organisation d'un référendum d'autodétermination. Le président sahraoui a, à ce titre, mis en relief la position du gouvernement américain qui s'est abstenu de signer un accord de libre-échange sur un territoire qui ne relève pas de la souveraineté du Maroc et celle de Kerr-McGee qui n'a plus renouvelé ses contrats de prospections pétrolières au Sahara-Occidental. Par ailleurs, en visite depuis le 20 mai dans les camps des réfugiés sahraouis (Tindouf), le président de la délégation du Haut Commissariat de l'Onu pour les droits de l'homme (HCDH), le Suisse Christophe Giraud, a salué, à la fin de sa mission, « la très bonne coopération des autorités sahraouies ». « En trois jours de visite dans les camps de réfugiés sahraouis, nous avons visité différents endroits, rencontré différentes autorités, des législatifs, des exécutifs pour nous faire une idée de la façon de vivre des réfugiés sahraouis et de la situation des droits de l'homme », a indiqué M. Giraud. Interrogé sur la forme que prendra son rapport de mission, il indiquera : « Il n'y a pas de format pré-établi, mais l'idée est de rappeler la genèse de cette mission, puis son déroulement et les informations qu'elle a amassées, puisque c'était une mission d'information, pour ensuite conclure avec des recommandations. » La commission devrait faire prochainement un rapport à la commissaire de l'Onu pour les droits de l'homme, Mme Louise Arbour. Les autorités sahraouies souhaitent que la mission de l'ONU dévoile les véritables violations des droits de l'homme commis par les autorités coloniales marocaines au Sahara-Occidental.