La 11e édition des Journées nationales théâtrales d'expression amazighe a été lancée mardi dernier au théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou en hommage à la grande chanteuse kabyle «Djamila», de son vrai nom Bachene Djoher. Cet hommage, qui s'étale du 17 au 21 décembre courant, est organisé par l'association Amezgoun n'Djerdjer, en collaboration avec la direction de wilaya de la culture, l'APW de Tizi Ouzou. Djamila est connue pour son talent en tant que chanteuse, actrice de cinéma et femme de théâtre. Au programme de cet hommage, dont l'ouverture a été marquée par une minute de silence à la mémoire du grand comédien et chanteur kabyle, M'henni Amroun, figurent plusieurs pièces théâtrales, ainsi qu'un monologue, qui seront présentés durant la semaine par des associations du 4e art venues d'Oran, de Béjaia, de Ghardaia et de Tizi Ouzou. Ouvrant la manifestation, le directeur de la culture a rendu hommage à celle qui berce toujours les admirateurs de sa chaude voix et égayait dans le passé les auditeurs de l'émission radiophonique «Ourar n elkhalat» qu'elle animait à la Chaîne 2. Djamila est née en mai 1930 à Aït Bouhini, à Azazga. Elle a passé son enfance à Alger où elle a côtoyé Chabha, une autre chanteuse de talent. En découvrant sa voix mélodieuse prédestinée à la chanson, cette dernière l'a présentée à la Radio algérienne pour des essais qui se sont avérés concluants. C'est ainsi qu'elle fera ses débuts à la radio kabyle dans les années 1950, avant d'animer une émission intitulée «Les femmes aux foyers», puis une autre sur l'enfance. Djamila marquera également le chant patriotique en kabyle, notamment par «Ledzayer» (l'Algérie), ainsi que l'émigration avec «Abahri siwed as slam», des titres qui lui ont valu le succès. A l'indépendance, elle gagnera encore plus de notoriété aux côtés d'artistes de renom (Nouara, Cherifa, Youcef Abdjaoui…). Présente à cette fête organisée en son honneur, Djamila, émue, dira avec une grande humilité : «Jeunes filles et garçons, vous avez le devoir de reprendre le flambeau de la chanson kabyle. Instruits, vous pouvez relever tous les défis. Notre génération était analphabète en majorité, mais elle a su lutter non seulement pour l'indépendance nationale, mais aussi pour le triomphe de notre culture, de notre langue, à travers la radio et la télévision…», dira-t-elle pendant que le public l'ovationnait chaleureusement. Elle recevra ensuite un cadeau symbolique de reconnaissance pour sa carrière.