La Fédération algérienne de football (FAF) envisage, avec la collaboration de la Ligue de football professionnel (LFP), de plafonner les salaires des joueurs professionnels des Ligues 1 et 2. Des chiffres ont même été avancés lors de la dernière réunion qui a regroupé, mercredi, le président de la FAF avec les présidents de club de Ligue 1. La proposition ne repose sur aucun socle réglementaire et encore moins sur un aspect ou chapitre du code du travail. L'aberration de cette initiative réside dans le fait que les principaux concernés (joueurs) n'ont pas été associés à cette démarche initiée sans consultation préalable avec eux. D'où l'urgence pour ces derniers de se constituer dans une forme d'organisation pour défendre leurs droits. Partout dans le monde où le football professionnel a droit de cité, les footballeurs professionnels sont organisés en syndicat, groupement, collectif, association pour faire entendre leur voix dans tout ce qui touche à leur métier. Comment la Fédération et la Ligue du football professionnel peuvent-elles prendre pareille initiative (plafonnement des salaires) sans concertation avec les premiers concernés (joueurs professionnels) ? C'est un dépassement de prérogatives de la part de la FAF et de la LFP qui ne dit pas son nom. Au nom de quoi ces deux instances s'érigent-elles en tuteurs pour dicter la marche à suivre dans un sujet qui relève, d'abord et avant tout, du club et des joueurs ? Au lieu de focaliser le débat sur cet aspect, la FAF et la LFP feraient mieux d'appliquer d'abord les règlements du football professionnel qui préconisent, par exemple, de défalquer des points et même de faire reléguer toute équipe qui accuse un déficit financier et qui met en danger l'intégrité de la compétition. Pourquoi cette voie n'a jamais été suivie alors qu'elle est prévue dans les textes ? Le problème des salaires peut être réglé à travers une stricte application du règlement. Les clubs, qui se sont constitués en sociétés sportives par actions (SSPA), jouissent de la totale liberté d'accorder les salaires qu'ils veulent aux joueurs à la condition express, bien sûr, que ces derniers soient imposables. Si demain un oligarque russe ou un riche prince des pays du Golfe décident d'acheter un ou plusieurs club (s) professionnel (s) algérien (s) et s'engagent à remplir toutes les conditions contenues dans le cahier des charges, ils n'accepteront jamais de se soumettre à la mesure du plafonnement des salaires puisqu'ils injecteront leur propre argent dans le circuit. La FAF et la LFP devraient revoir leur copie et arrêter d'imposer des décisions et des choix contestables dans le fond et la forme. Au lieu de rejeter la faute sur les autres, elles feraient mieux de veiller à l'application des règlements en la matière. Les joueurs, de leur côté, feraient mieux de réfléchir à s'organiser dans un cadre socioprofessionnel pour défendre leurs droits et s'imposer comme partenaire incontournable dans toute discussion ou projet sur le football professionnel.