Les pouvoirs publics s'affairent à lancer différents projets mais ne semblent pas se soucier des terrains choisis pour les implanter. Le pôle universitaire de la wilaya de Bouira et des projets de logements ont été réalisés sur des terres agricoles de haute valeur, comme le sera prochainement la double voie électrifiée. Ainsi, la superficie des terres agricoles à Bouira ne cesse de se rétrécir. C'est un fait que l'on constate et qui prend de l'ampleur. Les pouvoirs publics s'affairent à lancer les différents projets et ils ne semblent pas se soucier des terrains choisis pour les implanter. Cela a commencé dans les années 1970 - 1980 par la création d'une zone industrielle à Sidi Khaled, commune d'Oued El Berdi, implantée au beau milieu d'une ferme agricole. Le tracé de l'autoroute est-ouest a coûté à la wilaya plusieurs dizaines d'hectares de terres les plus fertiles. L'invasion du béton ne s'arrête pas là. Pour réaliser un centre pénitentiaire dans la wilaya, les services de l'Etat chargés de la mission du choix de terrain ont fini par trouver une superficie de plusieurs hectares de terre arable au village Said Abid, à l'ouest de Bouira. Les responsables locaux ont «récidivé» tout en sacrifiant 55 hectares sur lesquels le nouveau pôle universitaire a été réalisé. Ainsi, le choix de terrain qui a été fait pour l'extension du chef-lieu de wilaya s'est porté sur des dizaines d'hectares de terres agricoles. Il faut souligner que plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer cette course effrénée des pouvoirs publics qui veulent à tout prix lancer les projets sans tenir compte de la valeur des terres sur lesquelles ils décident de les implanter. D'aucuns estiment que ce ne sont surtout pas les terrains accidentés ou de moindre valeur agricole qui manquent. Car, pense-t-on, si des mesures adéquates ne sont pas prises dans l'immédiat, la réduction de la surface agricole risque bien de s'accentuer. Le projet de la double voie ferroviaire électrifiée devant relier Boumerdès à Bordj Bou Arréridj ne fait que susciter colère et indignation auprès de la population. La voie ferrée sera réalisée sur une superficie de 280 hectares dont près de 80 % sont des terres de haute valeur agricole. Le tracé traverse les terres fertiles de la vallée du Sahel, dans la région de M'Chedallah. Pour permettre aux populations de préserver leurs terres, une demande de changer le tracé de la voie ferrée a été déjà formulée, mais l'on ignore encore aujourd'hui où en est-on avec ce projet dont les délais de réalisation ont expiré en juillet dernier. De son côté, le directeur des services agricoles (DSA) de Bouira, Rachid Moresli, affirme qu'avant de procéder à l'affectation d'une terre agricole pour la réalisation d'un projet, notamment des logements et des équipements publics, il y a tout un dossier qui se fait et qui est soumis à une commission interministérielle. Ainsi, ajoute le même responsable, ce sont les terres de moindre valeur agricole qui sont cédées. «Quand il s'agit de terres de haute valeur agricole, la DSA ne donne jamais un avis favorable», dit-il. D'ailleurs, pour le projet de double voie ferrée électrifiée, qui traverse la wilaya sur une superficie de 280 hectares, dont deux tiers sont des terres fertiles, le DSA précise qu'il s'est opposé à ce que des terres de cette valeur soient sacrifiées et qu'il a demandé le changement du tracé de sorte à ce que les dégâts soient limités. Il a tenu à souligner que parallèlement à ces terrains agricoles extraits et destinés à la construction, les services agricoles travaillent d'arrache pied pour la revalorisation de plusieurs hectares dans d'autres régions de la wilaya, de sorte que le niveau de production agricole de la wilaya soit maintenu, voire revu à la hausse. Concernant la superficie s'étendant sur une quarantaine d'hectares et située au nord de la ville, délimitée pour accueillir un programme de près de 1200 logements sociaux, le DSA affirme que c'est une assiette de qualité moindre pour l'agriculture et la décision de la commission interministérielle n'a pas encore été rendue publique. En somme, mener une politique de développement de la wilaya et assurer à la fois la préservation des terres agricoles semble être un véritable dilemme pour les responsables concernés.