Pas moins de sept sites considérés comme des terres très fertiles ont été défalqués au profit de l'urbanisme au niveau de la wilaya de Médéa. La menace du béton armé plane sur des centaines d'hectares de terres à haut potentiel agricole dans la wilaya de Médéa. Du côté de la Direction des services agricoles (DSA), le constat est plutôt amer. L'extension des Plans directeurs d'aménagement urbain (PDAU), la création de nouveaux pôles urbains ou la réalisation des projets de logements ou d'équipements publics se font souvent au détriment du foncier agricole. Selon des informations recueillies auprès de la DSA, depuis la promulgation des procédures qui gèrent les modalités de transfert des terres agricoles vers l'urbanisme, pas moins de sept sites considérés comme très fertiles ont été défalqués au profit de l'urbanisme au niveau de la wilaya de Médéa. A titre d'exemple, 36 ha à El Omaria et 76 ha de terres agricoles à Béni Slimane ont été «détournés» au profit du béton. Dans 80% des cas de défalcation, la DSA a donné des avis défavorables. Ce constat est nettement confirmé par les observations du nouveau wali, Brahim Merad, lors de sa dernière sortie à travers les communes de la wilaya, où des décisions fermes d'annulation de divers projets et de restitution des assiettes foncières au secteur de l'agriculture ont été signifiées in situ. Au niveau de la commune de Sidi Naâmane (50 km à l'est du chef-lieu de wilaya), il s'agit de l'annulation du projet du pôle urbain, du même nom, qui devait s'étaler sur une assiette foncière de 20 ha amputée au secteur de l'agriculture à l'époque de l'ex-wali. Le même constat est relevé du côté de la commune d'El Omaria où des particuliers ont esté en justice la commune pour le choix litigieux d'une assiette foncière choisie pour abriter un projet d'un pôle urbain. Le projet en question devait occuper une assiette foncière située sur des terres nourricières d'un rendement agricole appréciable. Elles mettaient à l'abri du besoin plusieurs familles qui y tiraient leur subsistance. A Derague (15 km à l'ouest du centre ville de Médéa), un projet de construction de logements sociaux a été transféré par décision du wali sur une autre assiette foncière à vocation non agricole. Rappelons par la même occasion que le projet de construction du centre d'enfouissement technique (CET), réalisé au niveau de la commune de Tamezguida, a pris quelque 10 ha de terres agricoles sans qu'il soit fonctionnel dans les normes requises en raison des glissements répétés de terrain. D'autres sites constituant des surfaces agricoles très fertiles, apprend-on, sont toujours menacés par la poussée démesurée des périmètres urbains. L'exemple des centaines d'hectares de vergers arboricoles d'excellente qualité, situés entre la commune de Médéa et d'Ouzera, illustre, on ne peut mieux, cette situation anachronique que vit le secteur de l'agriculture dans cette wilaya. Si à travers les diverses sorties du nouveau wali, quelque 40 ha de terres ont été restitués au secteur de l'agriculture, il reste beaucoup de dossiers très épineux sur le foncier agricole à assainir, tel celui des expropriations. «La défalcation des terres agricoles obéit principalement à deux procédures. En premier lieu, s'il s'agit d'un projet d'envergure nationale ou régionale, c'est un comité interministériel qui devra trancher. Pour le deuxième cas, il s'agit du comité technique de wilaya, dont nous faisons partie, qui se réunit pour décider de la défalcation d'une terre à vocation agricole au profit d'un autre secteur. Malheureusement, nous assistions, dernièrement, à une urbanisation effrénée et chaotique sur des terrains dont la vocation n'est toujours pas définie par le cadastre. Plusieurs assiettes foncières agricoles sont perdues de facto», explique, en conclusion, Benaoui Mustapha, directeur des services agricoles de la wilaya de Médéa.