Des projets d'infrastructures sont affectés sur des terrains à haute valeur agricole. Les terres agricoles se rétrécissent comme une peau de chagrin dans la wilaya de Boumerdès. De vastes surfaces à haut rendement agricole ont été détournées de leur vocation durant ces dernières années pour l'implantation d'équipements collectifs. La préservation de ce foncier agricole susceptible d'assurer la sécurité alimentaire aux futures générations semble être la dernière préoccupation des pouvoirs publics. Ainsi, on apprend que 294 parcelles relevant du domaine agricole ont été désignées pour abriter des programmes de logements et d'autres infrastructures dont a bénéficiés la wilaya au terme du plan quinquennal en cours. Aucune commune n'est épargnée. Dans la daïra de Boumerdès, on parle de 56 projets qui seront réalisés d'ici 2014 sur des étendues de terre agricole qui devraient abriter des arbres fruitiers ou des cultures maraichères. Plusieurs exploitations agricoles collectives (EAC), relevant de la commune de Boumerdes vont en effet recevoir du béton. Les services concernés prévoient l'implantation d'un pôle universitaire sur une surface de 30 hectares (ha), un centre de l'enseignement professionnel sur une assiette de 3,5 ha et de 29 autres projets. D'autres surfaces relevant des communes de Tidjellabine et de Corso seront également détournées de leur vocation initiale. Il y sera construit un CFPA, une importante infrastructure militaire, des programmes de logements, deux salles de cinéma, des établissements de jeunes, etc. Faute d'études d'aménagement, l'extension des pôles urbains des localités de la région se fait de manière anarchique. Les autorités locales justifient le recours à ces terres nourricières par le fait qu'elles sont situées à l'intérieur des périmètres des PDAU (Plans directeurs d'aménagement urbain). Mais «le massacre» ne date pas d'aujourd'hui ; il est encouragé même par des élus et des responsables de la direction de l'agriculteur (DSA) dont le siège a été édifié après le déracinement d'une centaine d'orangers. L'endroit, situé au lieudit Sahel, devrait recevoir dans les jours à venir un hôpital de 240 lits et une faculté de médecine. Les quelques arbres encore debout sur le site seront donc arrachés dans peu de temps. Les organismes intervenant dans l'acte de bâtir ne construisent guère en amont, comme le suggéraient ceux qui réclament la préservation de ces fertiles terres. Dans la commune de Boudouaou, 20 ha de ce type de sol ont fait récemment l'objet de délimitation pour servir d'assiette à la réalisation d'un centre d'enfouissement technique (CET) pour la wilaya d'Alger. Cela en sus de plusieurs autres hectares qui recevront une zone d'activité et de dépôts, une station urbaine de voyageurs et 25 autres projets destinés à «répondre aux besoins de la population locale». Le même constat est relevé dans la commune voisine de Boudouaou El Bahri qui sera privée de pas moins de 40 hectares, jadis verdoyants de leurs vergers et de serres agricoles. Les pouvoirs publics ont décidé de les remplacer par des stations de relevage, une zone d'activité, 300 logements socio-locatifs, etc. Aujourd'hui tout porte à croire qu'on a décidé de changer la vocation de la wilaya. Car même la plaine de Mitidja n'est pas épargnée par l'avancée du béton. Les surfaces qui alimentent les marchés de la région en fruits et légumes se réduisent de jour en jour. Nos sources font état de 52 nouveaux projets à y avoir été inscrits dans le cadre du quinquennal en cours ; 22 à Khemis-El-Khechna et 12 à Ouled Haddadj. Le phénomène s'étendra aussi du coté des Issers et de Si Mustapha où les quelques surfaces restées en jachère seront condamnées à disparaître dans quelques années. Les pouvoirs publics y ont en effet prévu 33 projets avec toutes les conséquences qui peuvent en découler à moyen et à long terme. Les générations montantes vont certainement en pâtir en ne trouvant plus le moindre lopin à cultiver pour pouvoir faire face à toute éventuelle crise alimentaire.