Recommandé par tous les libraires après sa mise en vente fin août dernier, Harbor, premier livre de la journaliste Lorraine Adams, fit son entrée à Philadelphie (Pennsylvanie) par des coups d'éclats auprès d'un lectorat toujours ameuté par la problématique arabo-musulmane. Adams, lauréate du prix Joseph Pulitzer, ayant exercé comme reporter au Washington Post, va entamer une série de lectures publiques dans plusieurs maisons de livres des Etats-Unis, afin de présenter cet essai interprétant d'une manière stylisée ses plus fines empathies. Celle qui n'a jamais pensé publier ses notes avait commencé à s'intéresser aux Algériens, à leur culture et aventures lorsque le Washington Post lui proposa de couvrir l'affaire des terroristes impliqués dans la tentative d'attentat contre l'aéroport de Los Angeles. Son expérience avec son journal était frustrante, elle qui avait voulu aller au fond de la genèse. Lorraine découvre ce qu'elle appelle les limites du journalisme (the limitations of journalism). L'Algérie, tout d'abord ce pays de drames, de massacres et de la tragédie des 150 000 âmes, s'est trouvée tout le long de sa souffrance enterrée dans les arrière-pages des journaux américains. La journaliste en prend conscience. Après les attentats du 11 septembre, les réalités s'envenimèrent, les stéréotypes réapparurent et les Algériens se trouvèrent tous pris dans l'étau de la surveillance. Les plus vulnérables étaient les immigrants illégaux. Lorraine a de la sympathie, elle fit un détour afin d'apporter au lecteur américain une réalité vivace dans les quartiers cachés de Boston et de New York. Elle fit la connaissance de Aziz Arkoun, 24 ans, un jeune qui passa 52 jours à l'intérieur d'un tanker et à son arrivée à la baie de Boston, il sauta dans l'eau glacée, nagea jusqu'à la rive. Affamé, perdu et désemparé, Aziz trouva par la suite d'autres jeunes originaires de sa ville. C'est encore le récit de la relation conflictuelle de ce groupe qui vit la difficulté de la vie clandestine. Lorraine explore le quotidien de ces gens leur passé islamistes pour certains.