Et dire que l'on a tout misé, dans le cadre de ce choix, pour célébrer cette année les festivités du Mawlid Ennabaoui dans cette belle vallée du M'zab, sur cette mort-née assemblée des sages composée de notables et chouyoukh des deux communautés, dont une bonne moitié a fait faux bond sans crier gare. Vers 16h sous un impressionnant dispositif de sécurité, le Premier ministre est arrivé à Ghardaïa. Avec le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Bouabdallah Ghlamallah, et Mahmoud Djemâa, le wali de Ghardaïa, Abdelmalek Sellal s'est en premier lieu rendu à la mosquée Badr encerclée par des dizaines de véhicules des services de sécurité Le Premier ministre, accompagné du ministre des Affaires religieuses, a fait son entrée sans son sourire habituel. Il s'est rendu en premier lieu à la mosquée Badr (malékite) au quartier Theniet El Makhzen, qui fait office de jonction entre le quartier malékite et le quartier K'sar ibadite de Beni Izguène, où il a accompli la prière du maghreb et assisté à une veillée religieuse marquée par la déclamation de versets du Coran et de panégyriques du Prophète Mohammed. A cette occasion, Bouabdellah Ghlamallah a prononcé une allocution, où il a mis en exergue les vertus du dialogue et de la cohabitation pacifique entre toutes les communautés, rappelant les hautes qualités de fraternité et de tolérance de cette région chère à tous les Algériens, avant qu'une expéditive cérémonie de remise de prix et de cadeaux symboliques à quelques vénérés chouyoukh des deux communautés et à de méritants récitants du Coran ne vienne clôturer la première partie de cette visite. Et tout d'un coup, les éléments de la garde rapprochée du Premier ministre se sont mis à «rechercher» un par un tous les journalistes et correspondants de la presse privée qui se trouvaient dans la mosquée, pourtant bien autorisés à couvrir l'évènement et tous munis du badge. Coup de théâtre, ils se sont tous fait retirer leurs badges et ont été invités à sortir de la mosquée et abandonner leurs appareils photos et caméras dehors et ne revenir dans la grande salle qu'en tant que citoyens. Que s'est-il passé ? Mystère et boule de gomme. Toujours est-il que tous ces «indésirables fouineurs» ont été abandonnés sur place et privés de continuer à couvrir la seconde partie de la visite du Premier ministre qui devait se dérouler dans la grande mosquée ibadite de Beni Izguène. Rencontré en cours de route, un cadre de la santé, dont le logement a été pratiquement détruit par un incendie dans le quartier de Haï El Moudjahidine, a avoué son scepticisme quant aux objectifs de cette visite éclair : «Est-ce en venant prier des deux côtés de la barrière que l'on va retrouver la paix ? Je ne crois pas. Il faut revoir l'approche et avoir le courage d'attaquer le problème à la racine.»