Nuit de violences à Ghardaïa. Plusieurs quartiers populaires de la ville ainsi que des ksour mozabites, notamment celui de Mélika, ont vécu une cauchemardesque nuit de vendredi à samedi. Elle a été d'une violence telle qu'elle a amené son énième lot de destructions, de blessés et d'arrestations. Le pic de violence a cependant été atteint dans le quartier populaire de Hadj Messaoud, situé en contrebas du ksar de Mélika. Dans ce seul quartier, il a été enregistré l'incendie d'un hôtel (une résidence traditionnelle) et de deux maisons. De même, trois grands dépôts de grossistes en alimentation générale et en détergents ont été complètement pillés, saccagés, puis incendiés. Plusieurs blessés sont dénombrés, dont une vingtaine parmi les forces de l'ordre et une trentaine parmi les jeunes émeutiers. Onze arrestations ont été opérées. D'autres foyers d'affrontement ont aussi été enregistrés au ksar de Mélika, assiégé par les forces de l'ordre. Celles-ci ont tiré des dizaines de grenades lacrymogènes pour repousser et contenir les jeunes habitants mozabites de ce ksar, qui s'acharnaient à vouloir en découdre avec les jeunes de Hadj Messaoud, en contrebas. «Laissez-nous descendre protéger nos biens qui sont en train d'être pillés et incendiés par les Arabes de Hadj Messaoud», suppliait un jeune Mozabite. Peine perdue, les policiers s'interposaient par tous les moyens entre les deux camps antagonistes. Même au quartier de Theniet El Makhzen, le plus grand et le plus peuplé de toute la région, des accrochages entre des jeunes et des policiers ont été enregistrés. Les jeunes voulaient à tout prix monter vers le ksar de Mélika pour affronter les Mozabites, mais les policiers les en ont énergiquement empêchés. Par ailleurs, la cellule de coordination et de suivi mise sur pied par la communauté mozabite de Ghardaïa a décrété hier matin, lors d'une réunion tenue très tôt sur la vieille place du marché, une grève des commerçants pour deux jours reconductible. Selon Sioussiou Mustapha, le responsable de l'Union générale des commerçants et artisans (UGCAA) de la commune de Ghardaïa, cette grève «a été décidée compte tenu de l'absence de sécurité pour nos commerçants dans les ruelles de la vieille ville ainsi que les provocations et les incessantes menaces qui continuent à nous empoisonner la vie». «Nous appelons encore une fois les autorités locales et nationales à assumer leurs responsabilités. Nous ne pouvons plus continuer à évoluer dans ce climat délétère. Nous vivons dans un danger permanent», ajoute-t-il. L'appel à la grève est pratiquement suivi à 100% dans la commune de Ghardaïa, mais uniquement par les commerçants mozabites. Tous les autres commerces sont ouverts et activent normalement et tous les produits de première nécessité sont disponibles. Seul le côté nord de la vieille ville, vers le vieux marché, est paralysé par cette grève. Pour rappel, d'importants renforts dépêchés de Khenchela, Annaba, Batna, Bouira, Laghouat, Djelfa et Chlef restent mobilisés et déployés dans tous les quartiers de la ville, quadrillée par les forces de l'ordre.