«Certains cercles attisent, manipulent et nourrissent sciemment ce conflit» Les conflits archaïques ne cessent de monter à la surface dans la région de Ghardaïa. Trois jours durant, «des jeunes issus de la communauté chaâmbi se sont acharnés contre les commerces d'Ibadites», a affirmé hier, Kameleddine Fekhar, militant des droits de l'homme. Beaucoup de blessés de part et d'autre et des dégâts matériels ont été enregistrés, déplore notre interlocuteur, contacté par téléphone. De son côté, le député de Ghardaïa élu sur la liste FLN, M.Bakir, a affirmé hier que «les informations lui parvenant depuis Ghardaïa, indiquent que les affrontements ont causé 20 blessés dont cinq policiers, ainsi que la destruction de cinq magasins». Par ailleurs, le même député note que «plusieurs jeunes blessés ont préféré ne pas se rendre à l'hôpital de peur d'être interpellés». Ce membre de l'APN, également un des notables de la région, a reconnu qu'il y a eu «des vols, saccages et incendies commis contre plusieurs magasins». Toutefois, minimisant la portée des faits qui selon lui «se limitent à des rivalités entre les jeunes», il fait remarquer que «les commerçants ont saisi cette occasion pour faire passer leurs revendications à travers leur association». Le calme est revenu, hier, suite au déploiement d'importants renforts des forces de l'ordre, indique-t-on. Mais l'intervention des services de sécurité est jugée «très timide» durant les deux premiers jours, alors que dans les ksar de Mélika et Béni-Isguen «se déroulaient une véritable bataille rangée et des affrontements d'une rare violence», fait-il remarquer. «Aucune interpellation n'a été opérée parmi les assaillants armés de barres de fer, issus de Théniet El Makhzen», souligne M.Fekhar. Cela lui fait dire que «certains cercles attisent, manipulent et nourrissent sciemment ce conflit». L'attitude de «deux poids, deux mesures» des autorités locales et services de sécurité est dénoncée par les Mozabites. Une certaine impunité favorise la récurrence de ce genre d'agressions et affrontements, explique-t-on. Tous les commerçants de la ville de Ghardaïa ont observé une grève générale, avant-hier, en baissant rideau en signe de solidarité avec les commerçants essentiellement Mozabites dont les locaux ont été saccagés, incendiés et pillés. La grève sera même maintenue pour aujourd'hui encore, selon nos sources. Les commerçants, qui revendiquent principalement les mesures de sécurité adéquates, ne sont pas satisfaits des réponses du wali qui a reçu leurs représentants avant-hier. Selon un autre témoin, en l'occurrence Khoudir Fekouti, également militant de la Laddh, «les tensions remontent au 1er mai dernier quand une quarantaine de jeunes chaâmbi, chauffés à blanc par les activistes de l'association appelée (Rahma), ont tenu un sit-in devant le siège de l'APC pour demander de bloquer l'accès au cimetière attenant à leur quartier». Ce dernier était à la tête d'un groupe de jeunes venus de Ghardaïa ayant tenu un sit-in avant-hier devant la Maison de la presse Tahar-Djaout. L'origine de la montée de la violence reste inconnue. Une délégation des commerçants a été reçue par le wali qui leur a promis de faire le nécessaire pour rétablir le calme. A l'origine de ces échauffourées récurrentes et sporadiques, les questions du foncier dans la vallée du M'Zab et des constructions illicites, selon une autre version des faits. Ces échauffourées ont éclaté suite à la construction par un Ibadite à Mélika d'un mur fermant l'accès à un cimetière malékite», selon des jeunes Malékites de Théniet El Makhzen.