En 2006, soit 44 ans après l'indépendance, et à l'heure des évolutions modernes et des nouvelles technologies de communication, il est malheureux de constater que les mentalités ont plutôt régressé et sont en total déphasage avec le temps présent. Si nos grands-parents et toutes les personnes qui ont vécu la période coloniale donnent, paradoxalement l'exemple en matière d'éducation et de civisme, les jeunes d'aujourd'hui, ou du moins une grande partie d'entre eux, se distinguent plutôt par une conduite pour le moins étrange et contraire à nos traditions et aux réflexes de gens d'une grande agglomération urbaine, censée donner l'image d'une cité civilisée. Il est vrai que la région a vécu deux décennies noires dues aux conséquences du violent tremblement de terre d'octobre 1980 et de la barbarie terroriste qui a particulièrement ciblé la wilaya. Mais cela ne peut expliquer ni justifier l'anarchie qui y règne et les comportements agressifs et violents de beaucoup de jeunes. Il suffit de faire un tour au chef-lieu de wilaya pour constater l'ampleur du désastre qui se conjugue au quotidien. Les femmes ou les jeunes filles, par exemple, ne peuvent circuler en ville sans susciter la « curiosité » de tout le monde ou être importunées à chaque coin de rue. Les agressions et les vols de téléphones portables sont devenus leur lot quotidien au vu et au su de tous et personne n'ose intervenir. La montée de la violence urbaine est telle que de peur la femme doit se couvrir à l'iranienne ou porter le hidjab afin de se prémunir contre les voleurs de bijoux et autres objets de valeur qui circulent à bord de mobylettes. Il ne faut donc pas se découvrir ou afficher sa modernité si l'on veut être épargné par les « maîtres des lieux » qui agissent souvent en toute impunité. A croire que la ville est livrée à elle-même sans la moindre règle de fonctionnement régissant la vie en communauté et la circulation urbaine, ni les services censés remettre de l'ordre dans la maison. La voie publique est squattée par les commerçants ainsi que par les jeunes qui s'adonnent au commerce informel. Il n'y a pratiquement aucun trottoir qui ne soit pas envahi par ces vendeurs d'un autre genre, ce qui perturbe sérieusement la circulation des piétons et crée des difficultés aux automobilistes. Si les autorités locales mettent cela sur le compte du « chômage élevé que connaît la région », les utilisateurs de l'espace se plaignent de l'absence de lieux à usage commercial pour pouvoir exercer normalement leurs activités. L'anarchie qui y règne encourage également certains conducteurs des véhicules à squatter les trottoirs, comme cela est le cas actuellement sur l'artère longeant le champ de boules, au centre-ville de Chlef. Tous ces dysfonctionnements graves font du chef-lieu de wilaya un grand douar où tous les mécanismes et repères d'une vie moderne sont quasiment absents. Beaucoup de gens se sont approchés, ces derniers temps, de notre rédaction pour dénoncer ce phénomène grave qui, d'après eux, représente une menace sérieuse sur la société qui a déjà payé un lourd tribut au terrorisme.