Trois citoyens ont été tués, hier, lors de nouveaux affrontements à Ghardaïa, dans des circonstances troubles. La ville, où toute activité reste paralysée, a connu son quatrième jour de heurts. En proie à de violents affrontements depuis décembre 2013, la vallée de M'zab a franchi un cap dangereux dans la spirale de la violence. Au quatrième jour des hostilités, trois personnes ont été tuées, hier, dans le quartier de Hadj Messaoud, ont indiqué des sources locales sans pour autant préciser dans quelles conditions. Les corps des victimes qui se trouvent dans l'hôpital de la ville n'ont pas encore été identifiés. «Il règne une confusion totale ; il est difficile de savoir comment ces personnes ont été tuées», a indiqué une source sécuritaire. Des informations rapportent que les trois victimes auraient été touchées par des balles mais sans déterminer l'origine des tirs. Contactés par nos soins, les services de police de la wilaya de Ghardaïa n'ont ni confirmé ni infirmé l'information. Cependant, une autre source a indiqué, hier en début de soirée, qu'une «instruction ferme» a été donnée aux éléments de la police de ne pas porter d'arme à feu. Sanglants événements Cette escalade de violence a plongé la vallée du M'zab dans une situation inquiétante, alors que des affrontements entre bandes organisées et forces de l'ordre se poursuivent dans les quartiers Hadj Messaoud et Mermad. Ainsi, après les sanglants événements qu'a connus la vallée du M'zab en janvier dernier, qui ont causé la mort de quatre Mozabites et des dizaines de blessés, le ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz, avait promis de «ramener définitivement la stabilité». Lors de son déplacement à Ghardaïa le 6 février passé, en compagnie du patron de la Gendarmerie nationale, Ahmed Bousteila, et du directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Abdelghani Hamel, Belaïz avait affirmé la «détermination de l'Etat à appliquer les lois de la République dans toute leur rigueur contre quiconque portera atteinte à la sécurité de l'individu et de ses biens». Il avait alors annoncé la mise en place d'un «centre opérationnel» de sécurité, cogéré par la Gendarmerie et la Sûreté nationales, dans le but de «rétablir l'ordre et mettre fin aux échauffourées». Le ministre de l'Intérieur, qui avait agi avec beaucoup de retard, avait également assuré qu'il renforcerait le dispositif de sécurité dans la région, quitte à le «multiplier par trois, voire par quatre, pour restaurer définitivement l'ordre et le calme». «Les rues, les quartiers, les communes de la wilaya de Ghardaïa seront sécurisés», avait-il encore affirmé. Mais force est de constater que la promesse de sécuriser la région n'a pas été tenue et que le déploiement policier mis en place a été curieusement revu à la baisse. Un relâchement qui ne pouvait en aucun cas être justifié alors que les populations locales n'ont eu de cesse de réclamer un renforcement de sécurité. Plus étonnant, les autorités politiques, au niveau local comme au niveau central, n'ont pris aucune mesure concrète pouvant enrayer durablement les germes de la crise. Loin d'Alger, loin des préoccupations ! Les habitants de la vallée du M'zab, les notables et d'autres personnalités nationales ont pourtant alerté sur les risques qui peuvent découler de ces violences à répétition qui secouent dangereusement la région.