Ghenima Salah est enseignante de formation alors que Nora Terra est documentaliste. Très jeunes, elles se sont intéressées à l'univers du livre en avalant des centaines et des centaines de pages. Devant le manque flagrant de librairies pour enfants, elles décident, en 1999, de se lancer dans une folle aventure, celle d'ouvrir un espace réservé exclusivement à l'édition enfantine. Elles ouvrent donc en 1999, une librairie de 75 m2 à Ben Aknoun. Quatre ans plus tard, elles emménagent dans un autre lieu, au Télemly. Soucieuses d'offrir aux jeunes lecteurs un espace plus grand et de faciliter aux parents le stationnement, elles ont changé depuis trois mois d'adresse. La librairie est domiciliée à Dély Ibrahim. Comme le dit si bien Nora Terrar : « Ici, les parents peuvent à leur aise faire leurs achats et récupérer leurs enfants dans les écoles privées limitrophes ». Mieux encore, une galerie d'art cohabite dans le même espace que la librairie. Une façon singulière d'initier par-là même le jeune enfant aux arts plastiques. C'est un trait d'union entre les livres et l'art. Une fois le seuil de la librairie franchi, le regard est happé par l'agencement impeccable des rayons et le rangement de beaux livres, proposés aux enfants dont l'âge est compris entre 18 mois avec les livres de chiffon et 18 ans avec des livres ludiques et scolaires. Trois espaces s'offrent aux lecteurs : un espace à la papeterie, un autre aux livres et le dernier aux tableaux. Actuellement, les cimaises de la galerie sont ornées de tableaux signés par une pléiade d'artistes peintres dont, entre autres, Abderrahmane Aïdoud, Karim Sergoua, Ammar Bouras, Moussa Bourdine, Malek Salah, Mustapha Nedjaï. La galerie travaille en étroite collaboration avec l'association des artistes contemporains. Une association qui verra le jour prochainement. Il faut mentionner au passage que chez les sœurs Salah, l'esthétique, la qualité et l'accueil sont leur cheval de bataille. Il faut, nous dit-on, encourager l'enfant en lui offrant de beaux livres et en l'initiant à visiter les librairies. La librairie Kitabi travaille énormément avec les écoles privées. Elle est, pour ainsi dire, assaillie en début d'année par les énormes commandes. « Nous travaillons également avec les écoles publiques, notamment avec les enseignants et les inspecteurs. D'ailleurs, un certain quota de livres est offert en début d'année scolaire à certains éléments du corps enseignant public ». Les Salah proposent en début de chaque année aux parents des facilités de paiement pour l'acquisition des manuels de leurs enfants. Mieux encore, à chaque début d'année, la marge bénéficiaire du libraire est minime. Le livre dans son ensemble reste un produit cher. C'est pourquoi, les responsables estiment que pour promouvoir le livre, il faut impérativement reconduire la subvention du livre qui a été, rappelons-le, supprimée en 1985 et alléger les taxes douanières. Cela étant, le marché du livre existe réellement en Algérie, reste que les parents se doivent d'inculquer à leurs enfants la culture de la lecture.