C'est un espace culturel et de proximité « militante » que celui de la librairie Média-Plus à Constantine. Une tribune livresque qui a vu le jour, en 1991, sous les auspices de Saïd Yassine Hannachi. La librairie Média...un plus de proximité culturelle à Constantine... Librairie générale. Un fonds d'ouvrages dans différentes disciplines. La librairie Média-Plus se distingue par l'animation culturelle qu'elle produit à longueur d'année pour la promotion du livre et de la lecture. Les cafés littéraires et autres ventes-dédicaces sont devenus des traditions... Une centaine d'auteur(e)s connus, mais aussi des jeunes talents sont passés pour des rencontres-débats, présentations d'ouvrages et signatures. Bon nombre d'invités avaient drainé un grand public. Des moments forts et inoubliables... ! Depuis quatre ans, vous avez initié une opération estivalement livresque : L'été en poche.. Opération unique en son genre, lancée en 2003, le principe est simple : contribuer à la promotion de la lecture, mettre à la disposition des clients le maximum de titres et, pourquoi pas, améliorer par la même occasion notre instable chiffre d'affaires. Lors de cette vente promotionnelle, la librairie se transforme en une grande pochothèque, du 21 juin au 21 juillet. Notre vœu est de donner un cachet particulier aux prochaines éditions : thématique, café littéraire et signatures… et, pourquoi pas, ne pas organiser un concours en fonction de la thématique retenue où les trois vainqueurs (lectrices et lecteurs) seront récompensés lors de chaque édition. Tout dépendra de la contribution des sponsors et de nos partenaires. Une livre passion fidélisée... Oui, avec des ouvertures de la librairie en nocturne, chaque mois de Ramadan, avec une activité culturelle particulière en ce mois sacré. La mise à la disposition des clients d'une carte de fidélité avec une ristourne symbolique nous a permis de fidéliser un nombre non négligeable, malheureusement, cette expérience n'a pas trop duré. En ce moment, nous sommes en phase de réflexion pour sa reprise. D'autres initiatives ont été tentées par le passé : ouverture d'un espace universitaire, aménagement d'un espace enfance et jeunesse, l'organisation d'une quinzaine du livre portant sur les éditions Gallimard, en collaboration avec Edif 2000…Le lectorat existe même si l'on a enregistré une baisse des ventes, ces dernières années. Il suffit de le fidéliser, de répondre à ses attentes et, surtout, de mettre à sa disposition les ouvrages qu'il désire acquérir. Si la production nationale ne pose pas de problème en matière de disponibilité, ce n'est toujours pas évident quand il s'agit de livres d'importation et des nouveautés. On essaye de faire le maximum mais l'écart entre l'offre et la demande persiste avec, en sus, la cherté de certains titres malgré les efforts de certains importateurs qui se sont avérés de bons partenaires pour les libraires. Cependant, des librairies ferment... Il est toujours regrettable qu'une librairie ferme ses portes, c'est la mise à l'écart d'un passeur de texte, d'un vecteur culturel et, par là même, une restriction d'un champ culturel, de liberté et de savoir. La reprise de la librairie du Tiers Monde par Casbah éditions est un exemple à suivre…Aussi, faut-il souligner que d'autres espaces artistiques et livresques ont vu le jour à Alger (espace Noun, Arts en liberté, Point virgule, Mille feuilles, librairie de l'Enag…). Par contre,on ne peut qu'exprimer ses inquiétudes si des librairies disparaissent, sans faire de bruit, suite à des difficultés d'exercer ou faute de moyens financiers. Quels sont les problèmes rencontrés ? Les difficultés d'exercer sont dans, l'ensemble, identifiés. L'absence de lois a engendré, entre autres, une certaine confusion des rôles, d'où la nécessité de clarifier les prérogatives de chaque intervenant dans la chaîne du livre. Le phénomène des expo-ventes permanentes est-il un handicap pour la librairie traditionnelle ? Le libraire ne peut vivre exclusivement de la vente au détail, il a besoin de vendre le livre scolaire et de bénéficier d'une part du marché des institutions et des bibliothèques pour mieux fonctionner, rentabiliser son affaire et jouer pleinement son rôle de vecteur culturel. A ce sujet, je me réfère le plus souvent à deux lois étrangères qui méritent réflexion : en France, la loi Jack Lang sur le prix unique du livre, promulguée en 1985, a sauvé les librairies face aux menaces de grandes surfaces qui accordaient des remises conséquentes. Au Canada, le gouvernement québécois avait instauré, en 1981, la loi sur le développement des entreprises québécoises dans le domaine du livre. Cette loi a entraîné de profondes modifications dans l'industrie du livre, comme l'application d'une remise de 40% pour les ouvrages de littérature générale, et de 30% pour les ouvrages techniques et scientifiques, l'obligation des institutions à s'approvisionner auprès des libraires agréés de leurs territoires d'appartenance.Ces mesures, ainsi que d'autres non énoncées, ont non seulement sauvé les librairies existantes mais, surtout, contribué à l'ouverture d'autres espaces tout en entraînant une restructuration de la chaîne du livre. Et l'édition proprement dite ? Nous avons commencé l'édition dans une période très difficile vécue par l'ensemble des Algériens. Après la publication d'une dizaine de titres, entre 1993 et 1997, notre activité éditoriale avait cessé, une parenthèse extrêmement pénible. On ne pouvait plus tenir face à des difficultés de trésorerie et à un manque flagrant d'aide à la publication. Nous étions donc obligés d'abandonner, momentanément, l'édition pour nous consacrer exclusivement à la librairie. Ayant déjà tracé notre ligne éditoriale (histoire, patrimoine, littérature, beaux livres), nous avions entrepris, en 2003, de rouvrir notre catalogue par la réédition des œuvres de Malek Haddad, suivies de trois ouvrages sur l'histoire de Constantine : la Ville imprenable, d'Isabelle Grangaud, Constantine : une ville, des héritages, réalisé par un collectif d'universitaires, Constantine sous Salah Bey, de F.Z Guechi et Algérie espace et société, de Marc Côte. Notre principal objectif, publier un livre par mois pour tenir, et ne pas forcer sur les tirages, tout en évitant les quelques erreurs du passé. Bien que très modeste, le pari a été tenu dans l'ensemble, du moins ces deux dernières années. Parmi les titres publiés en 2006, figurent les Belles Algériennes, de Nassira Belloula, l'Algérie des conteuses, de Zineb Labidi, Quel habitat pour l'Algérie ? de Nacira Meghraoui alors que le Guide d'Algérie, de Marc Côte, republié récemment, enregistre un vif succès. Avez-vous des projets d'édition pour 2007 ? 6 ouvrages sont, actuellement, en chantier. Par ailleurs, il faudrait une loi sur le développement des métiers du livre, la création d'une association nationale visant à mettre « le livre partout et pour tous », soutenue par les ministères de l'Education et de la Culture, et, enfin, une structure unie des professionnels du livre. Enfin, je terminerai par ces petits extraits de l'allocution du ministre de la Culture du Liban, (au colloque des libraires francophones, Beyrouth, octobre 2001) : « A-t-on, un jour, tenté d'imaginer ce qu'auraient été nos vies sans livres ? (…) Cette question interpelle l'homme qui, s'il devait rendre honnêtement son dû, avouerait tout devoir, ou presque, aux livres. ».