Un simple garagiste est considéré par la loi algérienne comme un concessionnaire automobile. Tout le monde peut, aujourd'hui, acheter et vendre des véhicules». C'est un des concessionnaires automobiles présent sur note marché qui se lâche. Pour lui, la «bêtise» des pouvoirs publics, c'est d'avoir supprimé l'exclusivité sur une ou plusieurs marques automobiles qui existait bien avant la loi de 2007. Cette loi qui a permis d'ouvrir la porte aux revendeurs et autres «beznassiya» du secteur de l'automobile. «Avant la loi de 2007, il n'y avait pas de revendeurs de véhicules sur les trottoirs et aux abords des routes. Il n'y avait pas de multimarques qui ne possédaient aucun agrément et qui activaient au grand jour, au su et au vu des autorités», poursuit notre vis-à-vis. D'autres concessionnaires automobiles partagent même cet avis et soutiennent que la loi de 2007 a ouvert grandes les portes de l'anarchie dans ce secteur. «Voyez de vous-même. Il y a énormément de concessionnaires et distributeurs automobiles, mais combien sont-ils ceux qui assurent le service après-vente et garantissent la disponibilité de la pièce de rechange d'origine ?», s'interroge ce patron d'une grande marque. Pour rappel, le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, avait annoncé il y a de cela une semaine que le gouvernement envisageait l'introduction d'amendements sur l'organisation de l'activité de concessionnaire automobile agréé après avoir constaté, sur la base d'une étude, l'existence de «dysfonctionnements et dépassements» dans l'exercice de cette profession. Le ministère du Commerce a réalisé depuis septembre 2013 une étude sur l'activité des concessionnaires agréés pour la vente de véhicules sur la base de relevés de comptes sociaux déposés par les sociétés entre 2010 et 2012. Il a précisé que ces relevés ont révélé «des dysfonctionnements liés à la commercialisation de véhicules, ce qui a dicté une prise de mesures pour la régulation du marché». Concernant le contenu des amendements, le ministre a souligné «la mise à jour de la terminologie organisationnelle contenue dans le décret exécutif en date de 2007» dont l'autorisation qui confère le droit d'exploitation. Il a estimé que ce terme (qui octroie le droit d'exploitation) n'est pas défini de façon précise dans le cahier des charges de 1997, ce qui a généré un usage inapproprié. En vertu de cette définition, il est permis à une société étrangère qui vend des véhicules à l'étranger de délivrer un document au concessionnaire algérien pour la représenter, ce qui a donné lieu à des «dysfonctionnements et dépassements que nous comptons corriger à travers ces amendements», a-t-il encore poursuivi. Pourquoi le ministère du Commerce a-t-il attendu tout ce temps pour lancer une étude, envoyer des inspecteurs de son département chez des concessionnaires automobiles qui ont participé au dernier salon de l'automobile pour constater qu'ils ne possèdent pas d'agrément et qu'ils activent en toute impunité ? Pour quelles raisons le département de Benbada ne publie pas la liste des concessionnaires automobiles possédant un agrément ? Pour quelles raisons aussi bloque-t-on la délivrance de l'agrément à d'autres concessionnaires ? C'est à toutes ces questions et beaucoup d'autres que le département du commerce est appelé à répondre. Sauf que le véritable problème du secteur de l'automobile neuf en Algérie n'est autre que celui des homologations des véhicules. L'ensemble des concessionnaires automobiles chez nous procède à des homologations administratives en l'absence des moyens adéquats pour évaluer et tester un véhicule avec toute sa technologie et ses équipements. Elle peut prendre 20 jours à un mois, alors que pour d'autres elle a nécessité plus de six mois. Pour quelles raisons ? Les services des mines au niveau des wilayas possèdent-ils les équipements nécessaires pour cela ? La réponse coule de source. Quand nous connaissons le nombre de décès et de blessés par an suite aux accidents de la route et ces nombreux «cercueils ambulants» qui continuent d'être commercialisés au su et au vu des pouvoirs publics, nous nous posons des interrogations.