Louisa Hanoune, leader du Parti des travailleurs, n'est nullement déçue par le score qu'elle a obtenu lors du scrutin du 17 avril. Classée pourtant quatrième avec 140 253 voix, ce qui représente 1,37% des suffrages exprimés, Mme Hanoune affiche un «satisfecit» et une «confiance» en ses capacités et celles de ses militants. Elle qualifie le déroulement et les résultats de cette élection de «grande victoire» pour la nation algérienne, dès lors que la population n'a pas donné de crédit ni aux boycotteurs ni à ceux qui appelaient à investir la rue et encore moins au groupe qui plaidait pour une transition. Contrairement à 2009, Mme Hanoune ne crie pas à la fraude. Bien au contraire, elle estime que c'est la première fois qu'une élection se déroule dans la transparence. «C'est une élection légitime et inattaquable. Je peux témoigner que cette fois-ci le scrutin n'a pas été émaillé de fraude», a-t-elle révélé lors d'une conférence de presse animée hier au CIP. Tout en faisant la promotion de Bouteflika, la patronne du PT considère que le choix des électeurs en faveur du désormais ex-président sortant était un «vote-refuge». Le message de la population, croit savoir Mme Hanoune, est des plus clairs. La population, explique-t-elle, a voté pour la préservation de la stabilité, la paix et la souveraineté nationale en vue d'éviter à l'Algérie de sombrer dans le chaos et l'anarchie chronique. «Nous ne nions pas que la situation sur le front social est au bord de l'explosion, mais la majorité de la population a choisi la précarité au chaos. Elle ne voulait pas faire un saut dans l'inconnu, alors elle a accordé la priorité à la stabilité», se défend Mme Hanoune, qui pense que le changement démocratique tant attendu et souhaité par le peuple n'a pas été abandonné, mais différé : «Le peuple a décidé d'abord d'immuniser le pays en lui évitant un bain de sang. Le changement interviendra par la suite avec l'instauration d'une deuxième République qui prônera la rupture avec le système unique.» Pour la candidate à la présidentielle, le taux de participation de 51% est appréciable, mais les 48% qui ne se sont pas exprimés ont voulu lancer un cri de détresse. «Cette catégorie de la population n'a pas boycotté et a préféré la défiance en optant pour l'abstention. Là, Bouteflika est interpellé. Il doit répondre aux attentes de cette population qui a démontré qu'elle n'a pas perdu ses ressorts d'autant plus qu'une nouvelle ère s'ouvre à nous», décortique Mme Hanoune qui, fidèle à son discours, a encore une fois chargé le candidat Benflis et s'est montrée soulagée que le peuple ne l'ait pas mandaté. «Ceux qui ont élu Bouteflika ont cassé la bipolarité qui n'existait en réalité que dans l'esprit d'un groupe de personnes. L'écart enregistré entre le score de Bouteflika est celui de Benflis a démontré cet état de fait et chacun devrait tirer sa propre leçon de ce scrutin», lance la leader du PT. Invitée à donner son avis sur l'image du Président dans une chaise roulante, Louisa Hanoune a eu cette réponse : «Cette image a suscité de la sympathie.» Pour ce qui est de la place qu'a décrochée le candidat Belaïd, la patronne du PT s'est montrée perplexe : «Le cas Belaïd, je ne lui trouve aucune explication. Lui-même était étonné…» Par ailleurs, interrogée sur la décision de la reprise majoritaire (51% des actions) par l'Etat algérien de l'opérateur de téléphonie mobile Djezzy, Mme Hanoune a souligné qu'il s'agissait d'une «nouvelle victoire» pour la nation algérienne qui entre dans le cadre des acquis obtenus depuis 2009, date de l'institution par la loi de finances complémentaire de la limitation à 49% des actifs pour l'investisseur étranger en Algérie.
