Les habitants dénoncent «l'inexistence des moyens de protection de la population et du milieu naturel contre les nuisances générées par les carrières. Le village de Bir Saf Saf, relevant de la commune d'Oued Fodda, à 25 km à l'est de Chlef, meurt à petit feu. Il est entouré par un massif rocheux utilisé pour l'extraction d'agrégats et l'oued Cheliff dont les crues récurrentes ont favorisé l'accumulation des sels dans le sol et la nappe phréatique. Une succession de cratères dégageant une épaisse poussière est d'ailleurs visible à partir du tronçon de la RN 4 reliant El Attaf à Oued Fodda, sur un trajet de 5 km. C'est un spectacle de désolation auquel assistent, impuissants, les habitants depuis au moins deux décennies. L'exploitation à outrance des gisements creusés le long du massif montagneux – on en dénombre sept – semble primer sur les enjeux environnementaux. Les riverains commencent à sortir de leur silence pour dénoncer cette «catastrophe écologique» qui a été fortement accentuée, selon eux, par l'inexistence des moyens de protection de la population et du milieu naturel contre l'ensemble des nuisances générées par cette activité polluante. Rencontré sur les lieux, un villageois, qui a troqué sa blouse d'étudiant contre la tenue de fellah, ne cache pas sa colère contre les autorités et les exploitants de ces carrières. Quel est réellement notre statut ? Nous sommes dans une zone agricole ou dans une zone industrielle ? s'est-il interrogé, ajoutant que «dans les deux cas, il n'y a aucune politique claire pour définir le destin de cette région à vocation essentiellement agricole», en nous montrant les trous béants ayant défiguré le mont surplombant la bourgade. Il a, en outre, révélé que «l'usage des explosifs dans l'exploitation des carrières a eu des conséquences néfastes sur les habitations et les forages d'eau» en précisant que «nombre de maisons ont été fissurées et des puits se sont asséchés en raison des conséquences des explosions répétées». Pourtant, le cahier des charges établi par la direction de l'énergie et des mines impose aux opérateurs une série d'obligations à observer en matière de protection de la santé publique et de l'environnement. «Rien de concret n'a vu le jour, nous sommes exposés en permanence à la pollution de l'air dans l'indifférence générale», déplore un voisin immédiat des carrières. Et comme un malheur ne vient jamais seul, la plaine de Bir Saf Saf est aussi menacée par une salinité élevée des eaux souterraines, en raison des crues de l'oued Cheliff survenues depuis de nombreuses années. Cela a, bien entendu, altéré la qualité de l'eau de robinet, la rendant impropre à la consommation. D'où le raccordement du village à un forage public situé à plusieurs kilomètres, au lieudit Zemoul. Néanmoins, la population fonde beaucoup d'espoirs sur les travaux en cours pour la réhabilitation dudit périmètre à travers l'endiguement de l'oued Cheliff et le drainage des eaux pluviales, pour un montant de plus de 5 milliards de dinars. Elle espère également une solution rapide au problème de pollution émanant des carrières environnantes.