Djanet, la perle du désert, de renommée mondiale, relevant de la wilaya d'Illizi, regorge de potentialités touristiques. Elle est située à 2300 km au sud-est d'Alger. Des paysages à couper le souffle. Le visiteur parcourant les 400 km qui séparent Djanet du chef-lieu de la wilaya d'Illizi s'émerveille. La beauté de la région n'a cessé d'envoûter le groupe de jeunes qui s'y est rendu pour la première fois lors d'un voyage organisé par la ligue des activités scientifiques et technologiques de Bouira. Au cours de la traversée, l'on admire des dizaines d'oueds secs, notamment Ghighane, Tanar, Sersouf, Issendilene, Ell, Assassou, etc., qui déferlent de temps à autre. C'est une région touristique par excellence. Djanet, avec sa palmeraie verdoyante accueille les touristes à bras ouverts. Pour se rendre dans les profondeurs du désert, il est indispensable de louer un véhicule 4x4, ainsi qu'un guide. En s'enfonçant dans le désert, on découvre les trésors du parc culturel du Tassili N'Ajjer. Le plus grand musée à ciel ouvert du monde. Il s'étend sur une superficie de 138 000 km2. De pures merveilles jonchent ce vaste endroit du désert algérien. A 80 km au nord-ouest du chef-lieu de la modeste ville de Djanet se trouve un lieu insolite, Tikoubawin, qui signifie «Les épées». Les lieux ressemblent à une ville rupestre et fossilisée digne d'un labyrinthe. D'ailleurs, tout visiteur remarquera de larges et grandes artères et des rochers immenses semblables à des buildings. De vastes espaces telles des aires de jeux ou de stationnement. C'est l'œuvre de millions d'années d'érosion fluviale et éolienne. Le tout, sous un soleil clément de l'hiver dans cet endroit connu pour ses chaleurs extrêmes. Dans les entrailles de cette «ville-rocher», on y trouve des gravures rupestres datant de milliers d'années. Tourisme en déclin, chômage galopant Un témoin d'une présence humaine très ancienne. Les ancêtres des Touareg. Une richesse archéologique inestimable qui nous invite à un voyage dans le temps et l'espace. Entre les fissures des rochers vivent des rongeurs en grand nombre, la marmotte ou le daman des rochers. L'erg d'Admer, qui signifie «Homme» en targui, au nord de Djanet, est un lieu où se mêlent dunes et rochers. Sur le sommet d'un des immenses rochers perche un arbre solitaire dénommé «Tajaret Toudja». Sans guide, le visiteur le plus averti s'égare facilement. Seuls les Touareg, maîtres des lieux, sont des connaisseurs des méandres de ces endroits. Le versant est du Tassili reste à découvrir. La période d'affluence des touristes étrangers est située entre le mois d'octobre jusqu'à avril. Cependant, le nombre de ces derniers a considérablement baissé, nous dira Mohamed Hassani, un guide touristique à Djanet. Les retombées sont visibles sur la population de Djanet. «L'Etat n'a pas pris en charge le tourisme à Djanet, pourtant cette région est de vocation touristique par excellence. Tout est concentré au nord du pays, c'est injuste !», déplore-t-il. De plus en plus d'habitants sont touchés par un chômage galopant. La misère et les malaises sociaux sont la face cachée de Djanet. Les bidonvilles commencent à gagner du terrain. Même l'artisanat de la région est menacé de disparition, les artisans ne trouvent plus de clients. Certains vendeurs n'ont pas le choix, ils cèdent leurs bijoux à bas prix. L'essentiel pour eux est d'avoir un revenu. Les infrastructures hôtelières sont minimes. L'on compte seulement 3 hôtels. Selon notre interlocuteur, cela est dû au caractère même du tourisme saharien. «On n'a pas un tourisme d'hôtel au Sahara, mais de bivouac. On attend les touristes à l'aéroport et on les achemine directement vers le désert, là où ils passent leur séjour en pleine nature», dit-il. L'autre problème crucial auquel font face les touristes ce sont les lenteurs bureaucratiques pour l'obtention d'un visa. La durée est estimée à 40 jours. Chose qui n'encourage pas les touristes étrangers à venir à Djanet. Selon des informations, le nombre des touristes étrangers qui ont visité Djanet durant l'année 2013 n'a pas dépassé les 500. Même les agences touristiques ne trouvent pas de clients.Leur nombre s'élève à une trentaine, plusieurs d'entre elles ont mis la clé sous le paillasson, selon notre guide Mohamed Hassani. Et d'ajouter : «Le billet d'avion Alger-Djanet coûte près de 30 000 DA, c'est excessif pour les touristes nationaux. C'est une perte pour nous et pour le tourisme local, ainsi que pour tout le pays.» Situation sécuritaire tendue En ce qui concerne la situation sécuritaire qui prévaut à Djanet et ses environs, nos guides nous rassurent timidement : «Vous avez constaté de vos propres yeux, les lieux sont sécurisés, il n'y a rien à craindre.» D'autres estiment que les différents événements et conflits qui ont éclaté, que ce soit au Mali, en Libye, à Tiguentourine (Aïn Amenas), ou ailleurs ont eu une influence néfaste sur le tourisme dans la région du fait de sa proximité avec des frontières embrasées. D'ailleurs, les ministères des Affaires étrangères de plusieurs pays européens et à travers leurs sites Internet déconseillent fortement à leurs concitoyens de voyager vers les zones frontalières avec la Libye et le Mali. Pour prévenir toute incursion terroriste, l'ANP a déployé un énorme effectif sur les frontières, notamment à Djanet. Dans la ville de Djanet, on constate une présence importante des ressortissants de l'ex-Jamahiriya libyenne qui ont fui l'insécurité qui règne en maître dans leur pays. Ils sont nombreux mais peu loquaces, même s'ils sont d'origine targuie. Ils sont reconnaissables à leurs véhicules luxueux dont l'immatriculation porte encore le nom de la Jamahiriya. Signe de fidélité pour l'ex-régime d'El Gueddafi peut-être ! En dehors de leurs voitures, seuls les habitants de Djanet peuvent les distinguer. A Djanet aussi, on y trouve des ressortissants maliens, nigériens et d'autres nationalités en quête de travail, que même les autochtones ne trouvent pas. Cette situation a engendré une hausse de la criminalité. Les points de contrôle de la police ont été multipliés.