En juin prochain, 28 800 hadjis algériens sont attendus en Arabie Saoudite. Entre le bilan déjà lourd des pèlerins décédés depuis le début de l'année et l'augmentation des cas de coronavirus Mers, cette année encore, l'organisation de la omra ne sera pas simple. Pendant ce temps, l'Office du hadj et de la omra, et les agences de voyages règlent leurs comptes. Alors que l'Arabie Saoudite annonce 157 décès dus au coronavirus MERS, la direction générale de la prévention et de la promotion de la santé (ministère de la Santé) est la dernière à alerter, par courrier daté du 11 mai, l'Office du hadj et de la omra (ONHO) de la menace que représente le coronavirus pour la santé des hadjis algériens amenés à partir en pèlerinage dès le mois prochain. Dans ce courrier, dont El Watan Week-end détient une copie, elle demande la réactivation du dispositif relatif à la surveillance et à l'alerte du syndrome respiratoire du Moyen-Orient, le coronavirus MERS, pour parer à d'éventuelles contaminations des hadjis algériens. Un comité constitué de représentants des ministères des Affaires étrangères, des Finances, de la Santé, des Transports et enfin de l'ONHO, sur le qui-vive à l'aéroport international d'Alger, a été chargé de contrôler les conditions de traitement des hadjis par les agences de voyages, y compris les conditions d'hygiène, une priorité compte tenu de l'augmentation du nombre de cas en Arabie Saoudite. Pour sa part, la direction générale de l'Office du hadj et de la omra a interpellé les 36 agences de voyages qui seront chargées de transporter et de veiller sur les milliers de hadjis, rappelant, par la voix de son responsable cheikh Barbara, les douloureux souvenirs vécus durant les hadjs passés. Le directeur de cet office a même qualifié certaines agences de voyages d' «opportunistes» et d' «affairistes», «jouant avec la vie des Algériens à des fins matérielles», les accusant de ne travailler qu'en saison du hadj. Au regard de la situation sanitaire en Arabie Saoudite, l'Office du hadj déconseille aux femmes enceintes, aux enfants âgés de moins de 12 ans, aux personnes âgées de plus de 65 ans et aux personnes malades de cancer, d'insuffisance rénale, de troubles respiratoires et d'infections pulmonaires de partir en Arabie Saoudite dans le cadre du hadj. ********************* Lies Senouci. Premier vice-président du Syndicat national des agences de voyages (SNAV) : Avec 5000 DA par pèlerin, je ne vois pas comment on peut se faire de l'argent sur leur dos ! -Cheikh Barbara tient certaines agences pour responsables des problèmes que rencontrent les hadjis algériens à La Mecque. Mais de quels problèmes s'agit-il ? En tant que syndicat des agences de voyages, nous souhaitons que toute agence qui n'a pas respecté son contrat avec les voyageurs soit signalée afin que nous puissions prendre les mesures adéquates. Si l'Office a décidé de sanctions, nous ne sommes pas au courant. Enfin, je tiens à préciser que les agences possèdent un double agrément : le premier est donné par le ministère du Tourisme et le second attribué par l'Office national du hadj et de la omra. En d'autres termes, c'est lui qui le délivre. Donc, si cheikh Barbara a des preuves contre des agences qu'il les dénonce. -L'Office dénonce entre autres les agences qui choisissent des hôtels vétustes ou trop éloignés. Il faut être objectif et se référer au contrat : si dans ce dernier, le classement de l'hôtel et sa proximité ne sont pas déterminés, il n'est pas logique de parler de défaillance. -L'Office accuse encore certaines agences de vouloir gagner de l'argent sur le dos des pèlerins… Si on se réfère au cahier des charges qui régit l'opération du hadj, les agences doivent assurer l'encadrement de proximité. Et c'est l'Office du hadj qui finance et nous verse la somme de 5 000 DA par pèlerin. Donc je ne vois absolument pas comment on peut se faire de l'argent sur leur dos ! Il nous est même arrivé de ne toucher aucun bénéfice, car nous avons beaucoup de frais : les billets d'avion, les guides, etc. J'en profite pour dire que deux guides pour 250 personnes, c'est insuffisant. -Avez-vous pris des mesures particulières cette année, compte tenu de l'augmentation du nombre de cas de coronavirus ? Nous ne sommes pas médecins, juste des agences de voyages. C'est au ministère de la Santé et à l'Office du hadj de prendre des mesures et de mener une campagne de prévention, car ils ont les moyens de le faire. -Comment les agences de voyages sont sélectionnées par l'Office ? Un cahier des charges est publié chaque année. La sélection se fait via une commission interministérielle qui étudie les dossiers en fonction de critères, dont l'ancienneté et l'expérience. En d'autres termes, les agences sélectionnées sont celles qui ont le plus d'expérience dans l'organisation du hadj et de la omra. A chaque fois qu'on participe au hadj, nous avons non seulement un agrément mais aussi des contrats qui nous lient avec les partenaires saoudiens. Et c'est grâce à ces contrats que la sélection se fait. ******************** Cheikh Barbara. DG de l'Office du hadj et de la omra : Les agences de voyages sont tenues d'assurer un staff médical 24 heures sur 24 -Combien d'Algériens sont déjà partis en Arabie Saoudite pour accomplir la omra ? Depuis le début de l'année, ils sont 155 000 Algériens à avoir déjà accompli la omra et ce nombre est appelé à augmenter. Cependant, il est important de rappeler aux agences de voyages la nécessité de mieux accompagner les pèlerins algériens, car nous avons enregistré plusieurs défaillances et nous avons pris la décision de sévir contre ce genre de pratiques irresponsables. Aujourd'hui, il est hors de question de pardonner à certaines agences qui recourent à la location d'hôtels qui se trouvent à 4 km de Harem. Il est également inadmissible de voir nos hadjis entraînés dans des hôtels vétustes. A ces agences, je dis : «Faites entrer des devises et des touristes en Algérie, c'est ce qu'on attend de vous.» -Combien d'agences avez-vous sanctionnées pour les défaillances dont vous parlez ? Neuf. Cinq ont été interdites, pendant deux ans, d'activité du hadj et de la omra, tandis que quatre autres ont reçu des avertissements de la part de l'Office. La liste pourrait s'allonger si d'autres agences se comportent de la même manière durant la prochaine saison du hadj. Au total, 165 agences dont 54 nouvelles ont été agréées par l'Office contre 203 l'an dernier. -Combien d'Algériens sont attendus à La Mecque cette année ? Nous avons droit à un quota de 28 800 hadjis pour cette année alors que l'an dernier ils étaient 36 000. Ce nombre a été revu à la baisse en raison des travaux au niveau de Harem. -Avez-vous recensé des décès parmi les omristes algériens ? Oui. Depuis le début de l'année, nous en avons enregistré 55 (33 hommes et 22 femmes). Sur dix cas de décès, trois ont perdu la vie après des troubles respiratoires dus aux incendies dans des hôtels, un omriste s'est suicidé, six autres sont décédés dans des accidents de la route. Les 45 autres victimes souffraient de maladies diverses : cancer, insuffisance rénale, troubles respiratoires et infections pulmonaires. -Qu'en est-il du cahier des charges et combien d'agences de tourisme et de voyages seront retenues pour le hadj ? Pour l'instant, 80 agences de voyages et de tourisme ont retiré leur cahier des charges, mais seules une trentaine, 36 maximum, seront sélectionnées, de manière très stricte, pour transporter les hadjis. Elles doivent, entre autres, accompagner les pèlerins tout au long de leur séjour et sont dans l'obligation d'assurer un staff médical 24 heures/24 et de veiller à la qualité des repas qui leur sont donnés. En parallèle, une réunion interministérielle aura lieu dans quelques jours pour définir le prix fixe du hadj pour cette année.