Dix ans après son intégration, le LMD n'arrive toujours pas à faire l'unanimité quant à son efficacité ou encore son adaptabilité au contexte algérien, aussi bien auprès des étudiants que des enseignants. Quel bilan peut-on faire de dix ans d'application du système LMD? Quels défis faudra-t-il encore relever pour améliorer les contenus des offres de formation existantes et nouvelles ? C'est pour répondre à ces questions et d'autres que des enseignants de plusieurs universités du pays se sont réunis autour d'un colloque organisé, mercredi dernier, au campus Aboudaou, à l'initiative du département d'anglais de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa. Le système Licence-Master-Doctorat (LMD), à l'origine, allait permettre une diversification des diplômes, plus de professionnalisation et de flexibilité à même de répondre aux besoins de différents secteurs, tout en répondant aux standards internationaux en ce qui concerne la qualité de la formation. Dix ans après son intégration, le LMD n'arrive toujours pas à faire l'unanimité quant à son efficacité ou encore son adaptabilité au contexte algérien, aussi bien auprès des étudiants que des enseignants. Pour la présidente du comité d'organisation du colloque, N. Ahouari Idri, qui a donné une conférence sous le thème «l'étude longitudinale du système LMD, entre l'enseignement, l'apprentissage et la pratique administrative», il y a un grand fossé entre la théorie et la pratique. «Théoriquement, le système LMD est parfait, mais il faut chercher à savoir s'il est vraiment en phase avec le contexte algérien», déclare l'enseignante qui estime que le LMD doit désormais être orienté vers l'amélioration de la qualité de la formation. Un avis que partage le professeur Farida Boualit, interrogée en marge du colloque. Elle estime que «la massification (quantité) s'est faite au détriment de la qualité de la formation». Une assertion d'autant plus vraie que les débats sur la «dégradation» du niveau universitaire n'ont jamais été aussi intenses que depuis dix ans. Les avis vont, en somme, dans le sens de critiquer, soit le système en soi, soit son application. Mais il semble que c'est ce deuxième point qui est souvent évoqué. C'est le cas, par exemple, selon Mme Boualit, du tutorat. Professionnalisation Cette option qui est une partie intégrante et fondamentale dans le système LMD, consiste en le suivi des étudiants en dehors des cours magistraux. «Le système LMD ne saura fonctionner sans le tutorat ; on remarque que la formation est limitée aux seuls cours dispensés en salle, alors que le système LMD permet à l'étudiant d'être encadré par un responsable en dehors des cours, de plus, de nos jours, les nouvelles technologies d'information offrent une large marge de manœuvre à l'étudiant pour acquérir l'information, il suffit de l'orienter» se désole le professeur Boualit. Mais en ce qui concerne l'intégration à l'université du LMD, elle a plutôt une vision positive et y voit une nécessité. «Bien que largement critiqué, le système LMD est une réalité avec laquelle doit s'accommoder notre université pour ne pas rester à la traine de la modernité», a-t-elle signalé. Il faut rappeler que l'université de Béjaïa a été l'une des premières universités à avoir adopté le système LMD en 2004/2005. Pour Mme Boualit, les résultats sont déjà là. Elle évoque l'obtention récemment de 6 sur 15 bourses à l'étranger par des étudiants du département d'anglais de l'université de Béjaïa, à la faveur d'un concours national, signe d'un enseignement de qualité dans le cadre du LMD qui va en s'améliorant. Par ailleurs, Belkacem Outemzabt, enseignant au département d'anglais et chargé de la communication du colloque, a animé une conférence autour du thème «l'importance des stages cibles de courte durée pour le développement des compétences professionnelles et académiques des étudiants du LMD». Alors que beaucoup d'interventions sont allées dans le sens de préconiser plus de professionnalisation, M. Otemzabt pense qu'«il est préférable que la formation d'un étudiant en général, et d'un étudiant en anglais en particulier, soit ouverte et non cantonnée à la seule profession pour laquelle il est destiné, d'une manière à lui garantir un profil polyvalent apte à s'adapter à plusieurs réalités, tant professionnelles qu'académiques».