L'anniversaire des événements du 19 Mai 1981, qui ont eu pour théâtre le territoire de la wilaya de Béjaïa en prolongement du Printemps berbère 1980, reprend ses droits. La salle des délibérations de l'APW de Béjaïa a abrité, pour la première fois de son existence, une journée d'étude sur la thématique de tamazight en collaboration avec l'association Espoir de jeunes. La rencontre, qui a porté exclusivement sur la question identitaire, a été voulue pour marquer «l'occasion de la commémoration du double anniversaire du 19 mai 1956 et du 19 mai 1981». «La mise sous éclairage est salutaire à plus d'un titre, car ces événements sont aussi décisifs que ceux d'avril 1980 de Tizi Ouzou», a déclaré Mokrane Aggoune, le plus jeune détenu après la marche réprimée dans la ville de Béjaïa le 19 mai 1981, qui estime que «le Printemps berbère a duré une année». «Les arrestations arbitraires puis les condamnations à de lourdes peines dans des procès expéditifs ont été la réponse du régime à notre endroit», témoigne-t-il avant de s'interroger : «Aujourd'hui, qu'en est-il de nos espérances d'hier ?» Les acquis ? «De la poudre aux yeux», répond, pour sa part, Mustapha Tidjet, enseignant au département de langue et culture amazighes de Béjaïa, qui a démontré, avec force arguments, que la reconnaissance de tamazight comme langue nationale n'est pas suivie d'effet sur le terrain. Ce que confirmera Tahar Aïssi, enseignant, pour qui, 19 ans après l'intronisation de tamazight dans le système éducatif, le processus provisoire dure encore : non-uniformisation de la graphie (caractères latins en Kabylie, tifinagh à Tamanrasset et arabes à Batna), discipline scolaire toujours optionnelle, manque d'enseignants alors que des diplômés en tamazight sont au chômage… Pour Djamel Baloul, professeur de droit à l'université de Béjaïa, il y a encore un déni identitaire qui continue même dans l'avant-projet de la prochaine Constitution qui occulte la revendication de l'officialisation de la langue amazighe.