Le combat pour la démocratie et l'amazighité mené par une armada d'hommes et de femmes probes est plus que jamais d'actualité. C'est donc aujourd'hui, sous l'air d'une journée printanière pas comme les autres, que la Kabylie célèbre l'anniversaire des deux printemps qui ont marqué à jamais son histoire postindépendance. Il s'agit bien entendu, du 29e anniversaire du Printemps berbère et du 8e anniversaire du Printemps noir. Dans tous les coins et recoins de cette région de l'Algérie, les citoyens ne manqueront pas d'avoir une pensée pour les faiseurs de ces deux anniversaires ainsi qu'aux acteurs qui ont mené le combat, combien payant, pour les idéaux justes comme la liberté, la démocratie et l'amazighité. Les citoyens de la région, ainsi que tous ceux qui leur partagent la cause, convoqueront l'histoire de ces deux anniversaires pour tirer une fois encore les leçons et conclusions qui s'imposent. Ils trouveront que la langue amazighe est plus vivante que jamais. Cette langue qui traverse les millénaires Ainsi, la langue amazighe, qui a traversé toutes les périodes dures de son histoire depuis l'antiquité sans pour autant plier, est aujourd'hui et, notamment depuis l'Indépendance du pays, au centre de toutes les spéculations et surenchères allant jusqu'à servir de levier aux candidats à l'élection présidentielle passée. Si aujourd'hui cette langue a enregistré beaucoup d'acquis grâce bien sûr au sacrifice de plusieurs de ses fils les plus valeureux, il reste que le plus difficile est à faire comme le soulignent historiens, linguistes et anthropologues. Plus difficile justement, car toutes les spéculations y compris idéologiques sont mises en oeuvres pour «instrumentaliser» c'est bien malheureusement, le terme l'usage de la langue amazighe. Si l'on médite bien le problème posé pour la transcription de cette langue, on se rend compte, comme le constatent bien des linguistes, que les débats, du reste stériles pour le choix de la graphie (caractères latins, arabes ou tifinagh), ne visent qu'à stopper le développement de tamazight et remettre en cause un processus de recherche et de production de plus d'un siècle entamé par feu Saïd Boulifa et sanctionné par les travaux de «l'historique» Mouloud Mammeri et les chercheurs de l'Inalco. Tamazight a besoin de la paix Cela dit, toutes les voies de réflexion pour la postérité de cette langue convergent sur une seule issue (la paix pour tamazight). «Tamazight a besoin de la paix, elle est blessée avant l'arrivée des Romains», a clamé en 1981, un an après les événements du Printemps berbère d'avril 1980, haut et fort dans l'un de ses albums phares, «le maquisard de la chanson», Matoub Lounès. Ce faisant, cette paix clamée par «un combattant» reste à définir. Ce qui est par contre certain c'est que selon des observateurs la paix dont a besoin tamazight consiste en un cadre propice pour sa promotion (centre de recherche, académie...), son introduction effective dans tous les cycles de l'enseignement, dans les médias, son introduction en tant que langue officielle et à part entière dans la Constitution... Cela étant, le combat pour tamazight, pour la liberté, la démocratie est selon les militants de ces causes qui restent toujours actifs, plus que jamais d'actualité. On nous raconte le 20 Avril Quelle signification peut-on accorder au 20 Avril aujourd'hui? Les avis diffèrent certes mais la substance est toujours la même. Symbole des luttes démocratiques pour certains, date charnière du combat identitaire pour d'autres et l'on passe. Mais peut-on dissocier le combat identitaire du combat démocratique? Les plus avertis se dressent contre cette approche car ces deux combats avec ce qu'ils charrient comme corollaires ont emprunté le même chemin avec le consentement des mêmes sacrifices (cela du moins depuis les années 80). C'est pourquoi d'autres acteurs qui partagent les deux combats se sont levés pour revendiquer la reconnaissance du 20 Avril comme Journée nationale de la liberté d'expression (un autre thème qui nécessite un autre débat). Peine perdue? Le 20 Avril est consacré depuis l'année dernière Journée nationale de l'Internet haut débit.