L'extension inévitable de cette infrastructure, pour la réalisation d'autres projets, se fera aux dépens de centaines d'hectares de terres agricoles attenantes. Dans son intervention lors d'un forum sur le développement dans la wilaya de Jijel, le PDG de l'entreprise portuaire de Djendjen, Abderezak Sellami, a lancé un pavé dans la marre en soulevant avec pertinence la problématique du choix à faire entre le développement du port et les terres agricoles. Si le sujet est resté à ce stade de déclaration, cette problématique est de nature à mettre à l'épreuve les lois qui protègent les terres agricoles et le défi de développer ce port appelé à devenir un pole méditerranéen, selon les déclarations de responsables gouvernementaux. «Nous considérons que toute la zone attenante au port de Djendjen sur plusieurs hectares doit être frappée de servitude, premièrement pour nous mettre en conformité avec le code maritime qui prévoit que chaque port doit avoir une zone d'extension, deuxièmement, il serait insensé de réaliser un terminal à conteneurs sans profiter de la valeur ajoutée, comme cela se fait dans les ports de dimension mondiale ; A Titre indicatif le port de Tanger Med a une zone de 2400 ha qui lui est attenante ; j'ai soulevé ce problème aux autorités concernée ; c'est à elles de prendre les décisions qui s'imposent ; moi en tant que responsable ayant une vision stratégique, je pense que parler d'agriculture aux alentours du port serait une erreur», a déclaré Abderezak Sellami. En marge de la dernière visite du ministre des transports, Amar Ghoul, à Jijel, un cadre du port, qui s'est exprimé à titre informel, a indiqué que cette entreprise doit disposer de plus d'espace pour son développement. «Il faut réserver un porte feuille foncier pour le port», a-t-il tenu à dire en évoquant, à titre d'exemple, le projet d'une station de stockage de carburant qui nécessite un terrain de 10 ha pour sa réalisation. L'intégration de nouveaux espaces au port est une revendication primordiale pour son développement, selon les propos recueillis. Or les espaces attenants à ce port sont toutes des terres agricoles. Il est à signaler dans ce contexte que des assiettes foncières agricoles détournées de leur vocation ont déjà été squattées par des entrepreneurs et des concessionnaires automobiles qui les ont aménagées en de vastes aires de stationnement de véhicules débarqués au port de Djendjen. Cette affaire a fait scandale dans cette wilaya ou des dossiers relatifs à ce trafic sont devant la justice. Pour les responsables du port, le besoin en espaces fonciers ne peut être comparé à ce bradage. «Notre politique vise à trouver des bases logistiques pour des investisseurs en relation directe avec le port ; actuellement il y a une forte demande sur les terrains au niveau de l'enceinte portuaire», affirme-t-on. Dans sa globalité, le port dispose de 104 ha et d'une zone d'extension extra-portuaire de 27 ha, ainsi que d'une réserve foncière extra-portuaire de 350 ha pour la création de bases logistiques.
La réalisation d'un terminal à conteneurs, d'un autre céréalier et d'un terminal minéralier sont retenus pour le développement et l'extension de ce port. Le projet de réalisation de deux ports secs, dont l'un a déjà été lancé, sont retenus dans ce programme de développement. Amar Ghoul, a pour sa part plaidé pour l'ouverture de ports secs tout au long de la pénétrante à l'autoroute est-ouest, qui sera réalisé entre Jijel et Sétif pour servir de bases logistiques à ce port.