La Libye dans le flou une commission de réconciliation, composée des «sages» de la Libye, pour essayer de trouver une issue à la crise institutionnelle que vit le pays. Tunis De notre correspondant Dans une conférence de presse, tenue hier à Tripoli, le président du Conseil supérieur de la magistrature, le conseiller Ali Hafidha, a annoncé la création d'une commission de «sages» pour sortir de la crise institutionnelle qui sévit en Libye depuis la destitution du gouvernement de Ali Zeidan en février dernier. La commission de dialogue et de réconciliation est formée par les présidents de l'instance de la rédaction de la Constitution (Ali Tarhouni), du Conseil national de transition (Mustapha Abdeljelil), du Conseil national général (Nouri Bousahmine), ainsi que des présidents des commissions de février, de la révision des législations, de la réconciliation et de la recherche des vérités, de la Ligue des ulémas et celle des sages et de la choura. Cette commission a pour tâche de trouver une issue institutionnelle acceptable après le coup de force opéré par le Congrès national général (CNG) qui a voté la confiance au gouvernement d'Ahmed Miitig au cours d'une réunion où n'ont assisté que 93 sur les 200 membres que compte le CNG. Le vote de confiance à Miitig n'a obtenu que 82 voix favorables, créant une vague de contestations à propos de sa régularité. Profonds tiraillements Cette recherche de réconciliation est notamment survenue suite au rejet - par le président de la direction, de la loi au ministère de la Justice, le conseiller Mahmoud Mohamed Al Kiche - de l'élection d'Ahmed Miitig, lors de la séance du CNG du 4 mai. Lequel avis juridique accule davantage la Libye dans les ténèbres d'une crise institutionnelle insoluble, amorcée depuis la destitution de Zeidan en février dernier. L'autorité du CNG est contestée, comme l'atteste la faiblesse de la présence lors d'une décision capitale comme le vote de confiance au gouvernement. En plus, deux noms se disputent la légitimité à la présidence d'un gouvernement auquel les fonds n'ont pas été alloués pour financer sa gouvernance, en l'absence d'une loi de finances pour 2014. Il faut donc impérativement une solution. Il est à rappeler que le CNG a coupé les vivres au gouvernement de Ali Zeidan, a fait pression sur le gouvernement de Abdallah Thaney et veut opérer un passage en force de son candidat fétiche, Ahmed Miitig. Mais, comme l'a dit l'ambassadrice américaine en Libye : «La nomination de Miitig a été la goutte qui a fait déborder le vase.» Le camp islamiste a perdu tous ses soutiens, y compris au sein du CNG, comme l'atteste la présence de 93 membres à une séance capitale. Contestations «Il n'y avait même pas le quorum de 100 membres, pour tenir une réunion ordinaire, sans parler des 120 membres nécessaires pour voter la confiance au chef du gouvernement, comme le stipulent les dispositions constitutionnelles transitoires», remarque le juriste Mansour Younès, ex-membre du Conseil national de transition et professeur à l'université de Tripoli. Le CNG a fini par abattre toutes ses cartes et était prêt à tout, y compris à l'affrontement militaire, comme l'atteste l'appel à «Doroô el Ousta» (bouclier du Centre) pour le défendre. «Mais, face à ces dépassements criards de la légalité, le Conseil supérieur de la magistrature a cherché à trouver le support d'une solution consensuelle», souligne le professeur Mansour Younès. Sur le terrain, l'initiative du général Khalifa Haftar se poursuit. Ses hommes ont arrêté des Egyptiens appartenant à la confrérie des Frères musulmans, réfugiés en Libye. «Nous ne reconnaissons pas le gouvernement nominé de Ahmed Mitig», souligne le colonel Mohamed Hijazi, porte-parole de Haftar.L'armée nationale libyenne (Haftar) avait par ailleurs proclamé le rejet des décisions du CNG qu'elle considère «illégitime». Pour sa part, l'ex-Premier ministre libyen et président de l'Alliance des forces nationales, Mahmoud Jibril, a appelé l'armée et les tribus à «soutenir l'initiative du général Haftar contre le terrorisme car la Libye est en train de se transformer en base terroriste internationale dans la mesure où 12 nationalités combattent en Libye». M. Jibril a également appelé à un rôle arabe et international dans l'encadrement du dialogue national en Libye, avertissant au fait qu'un dérapage terroriste en Libye «aurait des conséquences chez nos voisins et même en Europe». Par ailleurs, la Libye est désormais dotée de son mouvement «Tamarrod». Après les manifestations de vendredi dernier, qui ont drainé la grande foule, le «Tamarrod» libyen a décidé la désobéissance civile à partir d'aujourd'hui contre la nomination du gouvernement d'Ahmed Miitig. Dans un communiqué rendu public, il a été également dit que «le budget de 58 milliards de dinars libyens (33 milliards d'euros) constituera la plus grosse dotation jamais octroyée au terrorisme».