Les « autonomistes » qui bloquent les sites pétroliers dans l'Est de la Libye, rejettent le gouvernement formé lundi dernier par Ahmed Miitig, le Premier ministre, dont l'élection, début mai à l'issue d'un vote chaotique au Congrès général, est contestée par les députés dont le premier vice-président du Parlement Ezzeddine Al-Awami. Selon eux, ce vote est illégal. « Seuls 93 des 200 députés ont participé au vote de confiance », expliquent-ils. « Nous tenons à ce que le gouvernement (sortant) d'Abdallah al-Theni reste jusqu'aux élections législatives prévues le 25 juin », déclare Ibrahim Jodhrane un « autonomiste » qui autoproclamé président du bureau politique de la Cyrénaïque. Pour imposer le cabinet de Miitig, un homme d'affaires originaire de Misrata, et défier la volonté du peuple qui exige le départ du Congrès, dit-il, les députés islamistes ont laissé le vote de confiance au-delà des délais et ce, pour réunir le quorum nécessaire et « ramasser » 83 des 93 voix. Le « niet » des autonomistes de l'Est au gouvernement de Miitig dont la résidence a été attaquée hier matin, va-t-il remettre en cause l'accord signé le 6 avril entre les rebelles et le gouvernement intérimaire sur la levée du blocage des quatre terminaux pétroliers en vigueur depuis juillet 2013 ? En avril, le blocage sur les ports d'Al-Hariga (110.000 barils/jour) et Zwitina (100.000 b/j), a été levé conformément à l'accord. Ras Lanouf (200.000 b/j) et al-Sedra (350.000 b/j) devaient être débloqués deux à quatre semaines après. En vain. Ce délai a expiré sans que les deux parties ne trouvent un accord final. Les rebelles avaient justifié, au début, ce blocage par la corruption qui règne au gouvernement avant d'afficher après leurs intentions : l'autonomie de la Cyrénaïque, une région où ils auraient installé un gouvernement et créé une banque et une compagnie pétrolière. « Toutes les options sont sur la table », déclare Ibrahim Jodhrane menaçant de revoir sa position si le gouvernement campe sur sa décision. Ahmed Miitig qui « ambitionne » de diriger avec ses 23 ministres le pays jusqu'aux prochaines élections législatives du 25 juin et qui attend que le Premier ministre intérimaire lui transmette le pouvoir, n'a pas aussi l'adhésion de Khalifa Haftar, le général rebelle qui a promis de « purger » Benghazi et Tripoli des « terroristes » et des « extrémistes » et de prendre pour cible le parlement s'il se réunit à nouveau. La Libye qui s'est dotée d'un mouvement « Tamarrod » contre la nomination du gouvernement d'Ahmed Miitig, trouvera-t-elle son salut dans la commission des sages annoncée par le président du Conseil supérieur de la magistrature, Ali Hafidha ?