Le calendrier fixé pour la révision constitutionnelle n'est nullement chamboulé par le rejet quasi total de la démarche présidentielle exprimé par de larges secteurs de l'opposition. Le ministre d'Etat et directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, va entamer les consultations à partir de dimanche prochain. «Dans le sillage des invitations qu'elle a adressées le 15 mai aux personnalités, partis, organisations, associations et compétences pour prendre part à la concertation sur le projet de révision de la Constitution, la présidence de la République entamera ces rencontres le dimanche 1er juin 2014», est-il indiqué dans un communiqué rendu public hier. La présidence de la République donne, dans le même communiqué, le nombre exact des invités qui ont composté leur ticket pour émettre leur avis sur la révision de la Loi fondamentale du pays. En tout, 150 invitations ont été adressées à des personnalités, des partis, des organisations, des associations et des professeurs d'université. La présidence de la République affirme ainsi que «30 personnalités sur 36 destinatrices d'une invitation ont confirmé leur participation, 52 partis politiques sur 64 invités, 37 organisations et associations nationales destinatrices d'une invitation et 12 professeurs d'université sollicités». Autrement dit, six personnalités ont décidé de boycotter ces consultations, dont Mouloud Hamrouche, Ali Benflis, Khaled Nezzar, Sid Ahmed Ghozali, Ahmed Benbitour et Ahmed Taleb Ibrahim. Certains de ces personnalités ont eu à participer aux consultations menées en 2011 par le président du Sénat, Abdelkader Bensalah. Elles semblent avoir été déçues par les résultats de cette concertation reflétées par les propositions soumises aux invités. Douze formations politiques ont également décliné l'invitation de la présidence de la République dont les membres de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (RCD, MSP, Ennahda, FJD et Jil Jadid. Aussi, les Forces du changement, un conglomérat de partis ayant soutenu Ali Benflis lors de l'élection présidentielle du 17 avril dernier, ont décidé de ne pas aller parlementer avec l'ancien Premier ministre, arguant que «l'approche fondée exclusivement sur une révision limitée et sélective de la Constitution n'est pas la voie la plus indiquée pour la recherche d'une solution à la grave crise politique et institutionnelle à laquelle le pays est confronté». Le plus vieux parti de l'opposition, le FFS en l'occurrence, boycotte lui aussi ces consultations. Mais l'un des membres de son présidium, Mohand Amokrane Chérifi, y ira en sa qualité de conseiller principal de l'Institut des Nations unies pour l'information et la recherche. De son côté, Bouguerra Soltani, ancien ministre et ex-président du MSP, participera à ces consultations en tant que personnalité nationale, contrairement à sa formation. La présidence de la République axe ainsi sur les participants et décide, en dépit de la défection de la majeure partie de l'opposition, d'engager, sans tarder, ces consultations. Ainsi, durant la première semaine, Ahmed Ouyahia recevra au siège de la présidence de la République à El Mouradia, «neuf personnalités nationales, huit partis politiques, le président du groupe du tiers présidentiel au Conseil de la nation et deux organisations nationales». Ces rencontres seront «rapportées quotidiennement par les organes publics de presse qui en assureront la couverture». De son côté, la présidence de la République publiera hebdomadairement un communiqué faisant le point des rencontres tenues durant la semaine concernée. «Chaque personnalité, parti ou organisation pourra organiser sa propre rencontre de presse ou diffuser son propre communiqué, à l'issue de la rencontre qu'elle aura eue dans le cadre de ces concertations», ajoute la Présidence qui promet «une Constitution consensuelle» qui consacrera un Etat de droit.