Rigidité des procédures d'accès et de contrôle des changes, multiplicité d'intervenants institutionnels, absence de zone franche, faible compétitivité hors hydrocarbures… Ce sont là autant de contraintes et de forces d'inertie qui continuent à freiner l'essor des exportations hors hydrocarbures en Algérie, a souligné, en substance, l'expert et consultant Ali Bey Nasri, lors d'une rencontre organisée, hier à Alger, par le Forum des chefs d'entreprises (FCE). Alors même que les ressources issues du gaz et du pétrole entament déjà une phase de déclin, les exportations hors hydrocarbures continuent à n'être que trop marginales, représentant à peine 2 milliards de dollars, soit moins de 3% des recettes extérieures du pays, selon les statistiques officielles des services des Douanes. Sur ce chiffre global, a précisé Ali Bey Nasri, les exportations hors hydrocarbures à proprement parler ne représentent en fait que quelque 1,2 milliard de dollars, le reste étant constitué essentiellement de dérivés du pétrole. Ainsi, a-t-il indiqué, parmi les 15 principaux exportateurs hors hydrocarbures du pays figure, en pole position, le groupe Sonatrach pour les solvants-naphta et méthanol, Fertial pour l'ammoniac et engrais, Cevital pour le sucre, graisses et huiles végétales, Somiphos pour le phosphate, ainsi que Fruital pour les eaux minérales et gazéifiées. Globalement, soutient le conférencier, les exportations hors hydrocarbures sont des plus marginales car, a-t-il estimé, «notre économie reste faiblement compétitive tout en étant très extrovertie». A cela vient s'ajouter, selon lui, de nombreuses contraintes réglementaires, mais aussi et surtout «l'immobilisme des pouvoirs publics concernant la promotion des exportations», comme en témoigne, a-t-il avancé, la non-installation, à ce jour, du conseil consultatif pour la promotion des exportations, prévu pourtant depuis 2004. Du reste, a-t-il déploré, la multiplicité d'intervenants institutionnels (ministères du Commerce et des Finances, Conseil de la monnaie et du crédit…) et les textes réglementaires en vigueur génèrent nombre de dysfonctionnements et d'ambiguïtés, notamment pour les opérations d'exportation de services. De même, estime le conférencier, la réglementation des changes, les procédures liées à l'accès aux devises, à la domiciliation des opérations et au rapatriement des recettes continuent à freiner considérablement le développement des exportations hors hydrocarbures. La réglementation des changes en Algérie, a-t-il lancé en ce sens, «respire la méfiance car tout est suspect et donc tout est très contrôlé».