En dépit des atouts inestimables de la région en matière d'eaux souterraines, les agriculteurs de la région de Chaâbet El Maleh, dans la commune de Hassi El Gara, à 60 km au sud du chef-lieu de la daïra d'El Ménéa (wilaya de Ghardaïa,) ne cessent de parler de la sécheresse qui annihile les efforts de dizaines d'agriculteurs de cette région au relief naturel des plus difficiles. La sécheresse met en péril les exploitations agricoles après tant d'années de labeur. Une menace générée en grande partie par l'absence quasi totale de réseau électrique, ce qui pousse ces agriculteurs à se débrouiller comme ils peuvent, souvent avec des moyens rudimentaires. Ils éprouvent beaucoup de peine à acquérir de l'eau afin d'irriguer leurs champs, d'où la multiplication de fonçages archaïques et le retour à l'arrosoir. C'est d'ailleurs pour cette raison que de nombreux agriculteurs de cette région ont perdu espoir, surtout après avoir vécu le drame de voir leurs exploitations mourir sans pouvoir faire grand-chose. Ouled Sidi Salah Mohammed, président de l'association agricole El Kawthar de cette région, explique avec amertume la situation, citant les «contraintes insurmontables auxquelles font face, au quotidien, de petits agriculteurs de subsistance». Selon lui, «plus de 75% des agriculteurs auraient quitté cette région vu le manque des moyens nécessaires à l'essor de leur activité, notamment la pénurie d'eau d'irrigation due d'une part à la sécheresse des puits, d'autre part au manque flagrant de pompes à eau chez la plupart des agriculteurs». Des insuffisances qui pénalisent l'épanouissement et la perpétuation de ce métier qui ne nourrit plus, poussant ainsi plusieurs d'entre eux à se tourner vers d'autres créneaux et activités. «Nous avons signalé ces contraintes aux autorités compétentes, dont le maire en personne ainsi que les services agricoles de la commune, mais c'est le silence radio… Comment peut-on avoir le courage de continuer à labourer la terre dans des conditions pareilles ? Personne ne peut prendre ce risque», dénonce notre interlocuteur avec un brin d'amertume. Un autre agriculteur enchaîne dans le même sens, désespéré de ne pas trouver de solution : «J'ai passé huit ans dans cet endroit, j'ai dépensé énormément d'argent pour enfin mettre en valeur ces parcelles de terre arables, mais sans eau, j'avoue que tout devient impossible. Aucun responsable n'a daigné mettre son pied dans le périmètre d'El Kawthar pour s'enquérir de nos préoccupations, ils savent que nous manquons d'électricité, de pompes à eau, de transport, que nous habitons à plus de 25 km d'ici... mais c'est le mépris.» Pour la plupart des agriculteurs de ce périmètre agricole de Chaâbet El Maleh, le sinistre n'est pas loin : «Nos palmiers et arbres fruitiers, nos orangers, nos poiriers sont en train de mourir, notre seul gagne-pain périt sous non yeux.» Dans cette conjoncture difficile, nul ne peut espérer une avancée dans ce créneau qui reste la principale activité économique de la région d'El Ménéa, connue pour la qualité de son eau et son sol riche qui lui ont valu d'être la capitale de l'orange, du citron, du raisin muscat et des roses durant l'ère coloniale. Alors que d'autres types de cultures, à l'instar de la pastèque, la courge et les céréales connaissent un essor indéniable dans d'autres périmètres de la même daïra, dont Hassi Lefhel, c'est à se demander pourquoi les pouvoirs publics tardent à intervenir pour stopper cette mort de pans verts à Chaâbet El Maleh. Une zone agricole qui a vocation d'absorber un tant soit peu le taux grandissant du chômage parmi les jeunes, au moment où les débouchés restent minimes, le manque de volonté sérieuse de la part des pouvoirs publics de faire de ce secteur un réservoir pour l'emploi des jeunes est édifiant.