Peur et consternation après la découverte hier du corps inanimé d'un richissime commerçant, gisant sur son lit, le thorax poignardé, dans sa villa. Ce crime a eu lieu dans la résidence d'Etat Sahel, à Moretti, située sur la côte ouest de la capitale. La victime, Abderrazak Gouri, connu sous le pseudonyme de Soufi (natif d'El Oued), propriétaire de nombreux biens à Bouzaréah, a été retrouvée par ses proches, hier matin, dans son petit linge, portant plusieurs coups de couteau au niveau de l'abdomen. Aucun signe d'effraction n'a été relevé par les services de sécurité, lesquels ont constaté la disparition du véhicule du défunt et de son téléphone portable. Pour l'instant, l'enquête est à son stade préliminaire et aucune information n'a pu être donnée au sujet de ce meurtre. Contacté, le premier responsable de cette résidence, Hamid Melzi, était aux abonnés absents. « Le directeur est absent pour toute la journée », nous a déclaré sa secrétaire, alors qu'il était injoignable sur son téléphone portable. En tout état de cause, la nouvelle de l'assassinat de Abderrazak Gouri a vite fait le tour de la résidence d'Etat, gardée, faut-il le préciser, par une brigade de la Gendarmerie nationale et plus d'une centaine d'agents de sécurité, dont l'effectif passe au double dès le début de la saison estivale. Elle a provoqué un sentiment de peur et d'insécurité chez les résidants, d'autant que l'assassinat est intervenu après une série de vols commis dans les villas et appartements, y compris de hauts responsables de l'Etat, dont des ministres. Il intervient également une année seulement après l'affaire de ce jeune adolescent, séquestré et torturé dans une villa située dans cette résidence et dont les auteurs ont été pour certains mis en prison et pour d'autres aidés à fuir le pays par leurs proches. Ce scandale avait fait la une des journaux l'été dernier, durant cette même période avant que la justice ne prenne le relais. Au fil du temps, le quotidien de la résidence d'Etat, notamment Moretti, a sombré dans celui des quartiers mal famés, livré au gangstérisme, aux vols, aux agressions et même au meurtre. Il ne se passe pas un jour sans que les résidants ne se plaignent de la criminalité qui prolifère dans ce site, dont la clochardisation est constatée à l'œil nu au vu des aménagements anarchiques entrepris par les habitants. Une situation très grave qui porte dangereusement atteinte à l'image de marque de l'Etat et appelle à une intervention urgente des pouvoirs publics. Ces derniers ont une lourde responsabilité dans cet état de fait et devraient, une fois pour toutes, mettre un terme à cette ambiguïté dans la gestion d'une résidence d'Etat qui n'a d'Etat que le nom, à partir du moment où près de 70% des villas ont été vendues (presque au dinar symbolique) à des particuliers et à de hauts responsables et cadres de l'Etat à l'époque du ministre gouverneur d'Alger, lui-même acquéreur de deux villas jumelées. Il est donc totalement obsolète de continuer à consacrer tout un budget de la collectivité à l'entretien et surtout à la gestion et à la sécurité d'un site au statut privé. En effet, il est important de préciser que si la sécurité des voies d'accès à Moretti est assurée par plusieurs dizaines de gendarmes, celle des biens immobiliers et des personnes dans le site est prise en charge par au moins deux centaines d'agents, recrutés et payés par la résidence d'Etat Sahel. Plusieurs dizaines, pour ne pas dire plus d'une centaine, de femmes de ménage et d'agents d'entretien sont également chargés de veiller à l'entretien de toutes les villas et appartements, au frais de la résidence. Ce qui constitue une véritable aberration ou tout simplement un gaspillage d'argent du contribuable. Si le défunt Gouri résidait dans un site, géré en tant que véritable résidence d'Etat, les auteurs de son assassinat n'auraient pas pu commettre leur fait et quitter les lieux en toute tranquillité. Ce qui laisse supposer que la sécurité dans ces lieux est loin d'être assurée pour une zone mise sous la haute sécurité d'Etat...