Dix jours après son ouverture, le Museum Bardo Lounge, au Musée du Bardo, Boulevard Franklin Roosevelt à Alger, enregistre une affluence record. Le musée du Bardo d'Alger prend chaque soir des couleurs, et ce, depuis le début du mois de Ramadhan. Le Museum Bardo Lounge y est organisé à l'initiative de La Fabrik Prod, une agence d'événementiel dirigée par Mahrez Rabia. A partir de 21h30 et jusqu'à 1h30, le public a l'occasion de visiter le musée où se tient une exposition sur le haïk, puis de s'installer dans des tables bien arrangées dans le jardin, avec des coussins et des banquettes aux couleurs rouge et blanc. Un autre espace est aménagé au niveau de la «cour des marbres», où sont organisés des spectacles chaque week-end (du jeudi au samedi). Des gâteaux, des boissons fraîches, du café et du thé sont servis aux visiteurs souhaitant passer une soirée d'été avec au fond une musique contemporaine. Une lumière architecturale met en valeur les arbres et les arbustes du jardin avec plusieurs couleurs. Mahrez Rabia a eu l'idée de monter le Museum Bardo Lounge après avoir assisté à une soirée organisée par une entreprise privée au sein du Bardo il y a quelques mois. «Je suis sorti dans le jardin et je me suis dit pourquoi ne pas faire la même chose pour le grand public. A partir de là, j'ai réfléchi avec l'équipe pour monter un projet au musée. Nous sommes partis de l'idée de réconcilier le public avec le musée, nous sommes venus plusieurs fois compter le nombre de visiteurs du Bardo. Il nous est arrivé de compter une quinzaine de visiteurs en huit heures ! On s'est dit que notre projet ne pouvait être que bénéfique. Nous avons bien discuté avec la conservatrice du musée, Mme Fatima Azzoug, qui était partante dès le départ à partir du moment où on ramenait du monde au musée et qu'on ne touchait pas au site, qu'on respectait les lieux. Le ministère de la Culture nous a donné l'autorisation», a-t-il déclaré. Les organisateurs n'ont planté aucun clou au sein du musée. «C'est pour cela que pour l'installation technique, nous avons déroulé plus de 9000 mètres de câblages et 145 projecteurs. Nous avons voulu mettre en valeur avec les lumières l'architecture datant du XVIIIe siècle mais aussi le jardin qui, contrairement à ce que l'on pense, n'est pas classé. C'est un jardin qui a été planté ces vingt dernières années par les jardiniers du musée. Le jardin s'étend sur presque 1500 m2, alors que la ‘‘cour des marbres'' est sur 500 m2. Nous avons donc travaillé sur l'habillage lumière et sur le mobilier. Nous avons donné la chance aux artisans locaux sans rien importer, commandé vingt-cinq salons en osier à Koléa, sollicité des artisans à El Harrach et Bouzaréah pour la fabrication de banquettes, des matelas et des chaises. En tout, nous avons fait travailler trois ateliers. Tout le mobilier qui est installé est démonté à 2h du matin pour libérer le jardin. Nous avons notre équipe de jardiniers et de nettoyeurs qui s'occupent de tout. C'est un gros défi. Nous terminons chaque jour à 5h du matin», a ajouté Mahrez Rabia. Le projet Museum Bardo Lounge emploie 77 salariés, avec une dizaine de managers. Les organisateurs ont recruté des étudiants pour assurer le service. Depuis son ouverture au début du Ramadhan, le Museum Bardo Lounge enregistre une affluence importante. De 350 à 400 visiteurs par jour. «Le week-end dernier, nous avons eu plus de 600 personnes qui sont venues passer la soirée chez nous. Parfois, nous sommes débordés. Certains visiteurs nous ont dit que c'est la première fois qu'ils mettaient les pieds au musée du Bardo. Cela nous fait plaisir», a-t-il souligné. Selon lui, la polémique sur l'organisation de soirées au sein d'un musée n'a pas lieu d'être. «Si les gens s'inquiètent pour la protection du patrimoine, je le comprends. Il faut seulement qu'ils se disent que nous partageons la même préoccupation. Mais, ce qui fait le plus peur, c'est de laisser le musée du Bardo vide ! Nous avons reçu des chercheurs, des universitaires, des cadres d'institutions culturelles sont venus voir comment les jeunes et les moins jeunes se réconciliaient avec le musée», a-t-il noté, se rappelant d'un dîner dans une salle d'exposition au musée du Louvre à Paris à l'époque où il était étudiant en France. «Dans tous les pays, les musées s'ouvrent au privé, à des partenariats, à des événements. C'est donc une première pour nous. Je comprends qu'il existe des réticences. L'année prochaine, je suis sûr que nous ne serons pas les seuls sur le terrain», a-t-il noté.