Des dizaines de salafistes ont tenté, hier, de manifester à Alger contre la volonté de l'Etat de rouvrir les synagogues fermées pour des raisons de sécurité dans les années 1990. Actionnés par l'imam Abdelfattah Hamadache, ces salafistes ont scandé des slogans hostiles aux non-musulmans et à leur présence sur le sol algérien. «Non à la judaïsation de l'Algérie», «L'Algérie, pays de l'islam et des mosquées» ou encore «L'Algérie musulmane», pouvions-nous lire sur des pancartes exhibées devant la mosquée Al Mouminine de Belcourt. Ces salafistes, bloqués par la police, disaient vouloir manifester en soutien au peuple palestinien, bombardé depuis quelques jours par l'armée d'occupation israélienne. Mais en réalité, ils tentaient d'exploiter le drame palestinien pour faire «avancer» leur projet visant à faire barrage à toute action progressiste du nouveau ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, qui s'engage à combattre toute forme d'extrémisme dans les mosquées. Ces salafistes ont déclaré clairement leur opposition à la réouverture des synagogues et des églises fermées, arguant que l'Algérie est un pays musulman. Fidèles à la vision obscurantiste de leur «maître» Hamadache, ces salafistes refusent qu'il y ait des espaces pour l'exercice d'une religion autre que l'islam. Par leur action, ils visent en réalité Mohamed Aïssa, qui a assuré lors de son passage le 1er juillet au Forum de Liberté, être «le ministre de tous les cultes» et «non pas de l'islam uniquement». Quelques jours plus tard, lors d'une visite à Oran, Mohamed Aïssa, qui se distingue de ses prédécesseurs par sa grande ouverture d'esprit, confirme ses propos et assure que «les lieux de culte pour les juifs rouvriront leurs portes» pour prouver au monde que «l'Algérie n'est pas contre eux». Depuis son installation à la tête de ce secteur sensible, Mohamed Aïssa a fait preuve d'ouverture et de tolérance envers toutes les religions. Un discours qui a suscité l'ire des intégristes, à leur tête Abdelfattah Hamadache, qui rêve d'instaurer un Etat islamique en Algérie. Ce salafiste invétéré, qui a lancé un parti (non agréé) appelé le «front de la renaissance islamique salafiste», assume ouvertement son rejet des non-musulmans, qu'il qualifie de «mécréants». Pour lui, ceux qui ne sont pas d'accord avec sa «théologie» sont des impies. Il a d'ailleurs traité de la même manière le ministre du Commerce, Amara Benyounès. Son obsession est de prendre le pouvoir pour «purifier» la société et régenter la vie des Algériens en bafouant les principes de tolérance consacrée par l'islam.