La conférence de Hammamet des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de la Libye (Algérie, Tunisie, Egypte, Niger, Soudan et Tchad) s'est vue dans l'obligation de limiter ses décisions à la création de deux commissions pour l'examen des situations sécuritaire et politique en Libye. Tunis De notre correspondant La réunion d'urgence des MAE arabes, tenue hier au Caire, a obligé les organisateurs de la conférence de Hammamet des MAE des pays voisins de la Libye à limiter leurs travaux à une séance marathon, qui a commencé avant-hier à 22h et s'est prolongée jusqu'à l'aube. La rencontre s'est soldée par la création de deux commissions dont les rapports seront examinés par des réunions ultérieures de cette conférence. La première commission, présidée par l'Algérie, est «chargée des questions sécuritaires et militaires, y compris la surveillance des frontières». La deuxième commission, présidée par l'Egypte a pour mission l'aide à la résolution de la crise politique en Libye. La mission de cette 2e commission est de «contacter la classe politique et les composantes de la société civile en Libye, en vue de faciliter la mise en place d'un dialogue national». Ces deux commissions doivent remettre leurs rapports au cours de la dernière semaine de juillet au chef de la diplomatie tunisienne, qui les exposera à son tour à ses homologues lors de la prochaine réunion des Etats voisins de la Libye, prévue la première quinzaine d'août. L'Egypte a proposé de l'accueillir. Contretemps Plusieurs contretemps ont affecté le bon déroulement de la conférence des pays voisins de la Libye, décidée lors du sommet africain de Nairobi et consacrée à la problématique du contrôle du terrorisme dans la région. Il y a eu, d'abord, la décision en dernière minute de la Ligue arabe de tenir une réunion d'urgence des ministres arabes des Affaires étrangères à propos de la crise de Ghaza pour la journée d'hier, vu l'enlisement dangereux de la situation dans la région. En effet, suite à cette décision, le ministre égyptien des Affaires étrangères n'a pu faire le déplacement à Hammamet et la conférence des pays voisins de la Libye a été raccourcie à la seule soirée de samedi à dimanche pour libérer les ministres tunisien et algérien. Autre contretemps et non des moindres : les affrontements à Tripoli ont contraint les autorités libyennes à fermer l'aéroport international pour des raisons de sécurité. En raison de ces combats, le ministre libyen des Affaires étrangères n'a pas pu effectuer le déplacement à Hammamet ; c'est l'ambassadeur libyen à Tunis qui a présidé la délégation de son pays. Handicapée par ces contraintes, la conférence de Hammamet dont l'objet principal est la lutte contre la prolifération du terrorisme à partir de la Libye, s'est limitée à quelques lignes dans le communiqué final soulignant «la nécessité de remédier à la problématique des foyers de terrorisme en Libye, qui sont une source d'inquiétude pour la Libye et les Etats de son voisinage immédiat». Il reviendra aux prochaines réunions de «définir les contours d'une approche devant permettre d'engager un dialogue entre les parties libyennes pour arrêter l'effusion du sang des Libyens, assurer le consensus national, consolider les institutions de l'Etat et préserver sa souveraineté et son intégrité territoriale loin de toute ingérence étrangère», comme cela a été souligné par le ministre algérien des Affaires étrangères. Situation sécuritaire précaire L'absence du ministre libyen, Mohamed Abdelaziz, a été fortement ressentie lors de la conférence de Hammamet. Le responsable libyen n'a pu effectuer le déplacement malgré la proposition des autorités tunisiennes de le ramener en hélicoptère à partir de Ras Jedir, à la frontière tuniso-libyenne. Mohamed Abdelaziz a préféré rester à Tripoli pour contribuer avec le gouvernement à apaiser la tension suite à l'attaque de l'aéroport international par des milices hors-la loi. «Ce qui se passe à Tripoli traduit les difficultés de la transition entre le Congrès national général dont la légitimité a expiré et le nouveau Parlement, élu le 25 juin dernier, qui s'apprête à prendre le pouvoir politique en Libye», souligne l'universitaire Mansur Younes, ex-membre du Conseil national de transition (CNT). «Les islamistes ont peur de cette passation parce qu'ils vont perdre leurs privilèges. C'est pourquoi leurs milices ont attaqué l'aéroport. Ils se sont déjà emparé, par la force, des sièges du ministère des Affaires étrangères et, depuis hier, de celui de la Défense», remarque l'universitaire, qui poursuit son analyse de la situation en insistant sur le fait qu'«en l'absence d'un Etat fort, aucune solution politique ne peut réussir en Libye». «La Libye ne peut réussir, sans l'aide internationale, le rétablissement de la sécurité», conclut-il.