L'ONU a annoncé l'évacuation de son personnel de Libye, au lendemain d'affrontements violents entre groupes armés pour le contrôle de l'aéroport de Tripoli, qui font craindre un conflit plus large dans un pays en proie au chaos. Parallèlement, la deuxième ville de Libye, Benghazi (est), a connu avant-hier de nouvelles violences, faisant au moins trois morts. La mission de l'ONU (Unsmil) a annoncé dans un communiqué le retrait temporaire de son personnel de Libye pour des raisons de sécurité. Après les combats de dimanche et en raison de la fermeture de l'aéroport international de Tripoli, la mission a conclu qu'il ne serait pas possible de continuer son travail (...) tout en assurant en même temps la sécurité de son personnel ainsi que leur liberté de mouvement, a expliqué l'Unsmil. L'aéroport de Tripoli a été fermé dimanche pour trois jours en raison d'affrontements violents déclenchés par une attaque contre l'aéroport de milices islamistes cherchant à en chasser les brigades d'ex-rebelles qui le contrôlent depuis 2011. Une dizaine d'avions des compagnies publiques libyennes Afriqiyah Airways et Libyan Airlines ont été endommagés par les combats, selon un responsable de la sécurité de l'aéroport, Al-Jilani al-Dahech. L'attaque de l'aéroport a été repoussée par les ex-rebelles anti-islamistes de Zenten, une ville au sud-ouest de Tripoli, et la situation était calme lundi dans la capitale. Ces violences interviennent dans le cadre d'une lutte d'influence entre islamistes et libéraux, en particulier après les législatives du 25 juin, dont les résultats définitifs devraient être annoncés dans une semaine et qui devraient être en faveur du courant libéral. Les affrontements de dimanche, parmi les plus violents dans la capitale depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, ont fait au moins six morts et 25 blessés. Elles inquiètent aussi la communauté internationale qui craint un conflit plus généralisé.
Appels au dialogue Après les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'Italie qui s'étaient exprimés dimanche, la France a dit avant-hier redouté une extension du conflit et appelle toutes les parties au calme et au dialogue. Nous sommes gravement préoccupés par les récents affrontements violents à Tripoli, a indiqué de son côté un porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, exhortant à un dialogue constructif.
Les Etats voisins de la Libye appellent à un dialogue Les Etats voisins de la Libye ont appelé lundi à l'issue d'une réunion en Tunisie à un dialogue national et annoncé la mise en place de commissions sécuritaire et politique pour tenter d'aider le pays à sortir de l'anarchie. Les représentants de la Tunisie, de l'Algérie, du Soudan, de l'Egypte, du Tchad et du Niger, réunis à Hammamet, au sud de Tunis, en présence de l'ambassadeur de Libye en Tunisie, ont pressé toutes les parties (...) en Libye de résoudre leurs conflits par le dialogue. Les Etats voisins ont également annoncé s'être accordés sur la mise en place de deux commissions. L'une, présidée par l'Algérie, devra suivre les questions sécuritaires et militaires, y compris la surveillance des frontières. L'autre, dirigée par l'Egypte, aura pour mission de contacter la classe politique et les composantes de la société civile en Libye en vue de faciliter la mise en place d'un dialogue national. Ces deux commissions doivent remettre leur rapport fin juillet au chef de la diplomatie tunisienne, qui les exposera à son tour à ses homologues lors de la prochaine réunion des Etats voisins, qui devrait avoir lieu en Egypte au cours de la première quinzaine d'août. Les participants ont également souligné la nécessité de remédier (au problème des) foyers du terrorisme en Libye, qui sont une source d'inquiétude pour la Libye et ses voisins. A l'ouverture de la réunion dimanche soir, le président tunisien Moncef Marzouki avait insisté sur la nécessité d'une solution politique et pacifique en Libye. L'instabilité résultant de la prolifération des armes, parallèlement au danger terroriste avec l'apparition de groupes extrémistes (...), est un défi central dans le processus de transition démocratique en Libye et représente une source de menaces pour tous les Etats voisins, a-t-il dit. Des représentants de la Ligue arabe et de l'Union africaine ont pris part à la réunion. Mais signe de l'anarchie régnant en Libye, le ministre libyen des Affaires étrangères Mohamed Abdelaziz n'a pas pu se rendre à Hammamet.
Nouveaux tirs de roquettes contre l'aéroport de Tripoli L'aéroport de Tripoli était avant-hier soir la cible de tirs de roquettes, dont l'une a touché directement un avion sur le tarmac, ont annoncé des sources de sécurité. Des dizaines de roquettes sont tirées sur l'aéroport, a déclaré Al-Jilani al-Dahech, un responsable de sécurité de l'aéroport sur place, qui n'a pas fait état de victimes. Une autre source de sécurité a précisé qu'un avion avait été touché directement par une roquette. Plus tard, des photos circulant sur les réseaux sociaux ont montré un avion en feu. Selon une source aéroportuaire, l'appareil appartient à la compagnie libyenne privée Buraq Airlines. Lundi, de violents combats ont opposé cette fois-ci les forces de sécurité à des groupes islamistes pour le contrôle de l'hôpital al-Jala à Benghazi, tenu depuis plusieurs semaines par des islamistes radicaux, selon des témoins. Une source hospitalière a fait état de trois morts et 30 blessés. Les affrontements de dimanche, parmi les plus violents dans la capitale depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, ont fait au moins six morts et 25 blessés.