La 3e conférence des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de la Libye (Tunisie, Algérie, Tchad, Niger, Soudan, Egypte) a entamé, hier ses travaux à huis clos, à Hammamet, pour poser les jalons d'une solidarité avec un pays livré au diktat des milices de toutes obédiences et menacé de chaos généralisé. En raison de la fermeture de l'aéroport de Tripoli, l'absence remarquée du chef de la diplomatie libyenne, Mohammed Abdelaziz, remplacé par l'ambassadeur à Tunis, Mohamed Al-Maaloul, a davantage conforté la quête commune pour conjurer le péril de la désintégration aux effets désastreux pour la Libye et toute la région. La capitale tunisienne qui prend le relais de Malabo (Guinée équatoriale) et d'Alger a tout légitimement invoqué le « devoir de fraternité et de voisinage » qui tranche nettement avec l'indifférence coupable des puissances occidentales, notamment franco-britanniques, qui restent les principaux responsables du drame libyen. A la séance inaugurale, le président tunisien Moncef Marzouki a précisé que « ce devoir requiert d'unir tous les efforts pour prêter main forte à ce pays de manière à lui permettre d'aboutir au consensus interlibyen escompté, sans pour autant porter atteinte à la souveraineté libyenne ou se poser en donneur de leçons ». Le défi de la stabilité et de la transition en Libye est lancé. En présence donc de l'envoyé spécial de la ligue arabe en Libye, Nacer El Qadwa, et de Smaïl Chergui, le commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA, les chefs de la diplomatie des pays voisins de la Libye privilégient une démarche commune pour traduire dans les faits un soutien « à tous les efforts visant à lancer un dialogue national libyen (...) à mettre en place une justice transitionnelle et à renforcer les institutions de l'Etat et le processus de transition démocratique en Libye », selon un communiqué du ministère tunisien des Affaires étrangères. Ce sont les deux exigences fondamentales entérinées par la constitution de deux commissions dont la coordination revient au pays hôte. La présidence algérienne de la première commission est destinée au suivi des « questions sécuritaires et militaires, y compris la surveillance des frontières », alors que l'Egypte s'est vu confier la mission de « contacter la classe politique et les composantes de la société civile en Libye » en vue de faciliter la mise en place d'un dialogue national. Dialogue inclusif dont la première réunion est prévue en Egypte au cours de la première quinzaine d'août et lutte contre le terrorisme fondent le challenge incontournable des pays voisins de la Libye.