Deux semaines après le crash du vol AH5017 devant relier Ouagadougou à Alger, le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) s'est montré très prudent dans sa communication des premiers éléments d'information sur les circonstances de l'accident, ne privilégiant officiellement aucune piste. Le Bureau d'enquêtes et d'analyses, autorité française chargée d'examiner les boîtes noires du vol AH5017 qui s'est écrasé au nord du Mali le 24 juillet, n'a exclu aucune hypothèse, ce jeudi 7 août, sur les raisons de l'accident, lors de la présentation des premiers éléments dont il dispose. Le vol AH5017 «se trouvait dans des cellules orageuses dont le sommet se situait au-dessus de l'altitude de l'avion», a affirmé le directeur du BEA, Rémi Jouty, lors d'une conférence de presse tenue au Bourget. Certains mouvements laissent penser que l'équipage a tenté d'éviter ces turbulences. Toutefois, le responsable français est resté très prudent, se contentant d'indiquer qu'en l'état des investigations, il n'était pas en mesure d'expliquer les différents mouvements de l'avion. Les éventuelles fluctuations de puissance des moteurs n'ont pas encore été analysées. Pas plus qu'un hypothétique manque d'expérience de l'équipage. Trajectoire Les premières données exploitées ont surtout permis d'établir la trajectoire du vol à partir des paramètres d'altitude et de vitesse enregistrés dans l'une des boîtes noires (FDR). L'appareil a décollé de Ouagadougou à 1h15, temps universel. «Il a commencé à perdre progressivement de la vitesse quelques minutes après avoir atteint sa vitesse de croisière à 1h45, a expliqué Rémi Jouty, schéma à l'appui. Il a ensuite perdu progressivement de l'altitude, puis décrit un virage à gauche avant de perdre rapidement de l'altitude, avec des changements d'inclinaison et d'assiette très importants.» Le dernier enregistrement indique une altitude de 490 mètres à 1h47mn15s. «Probablement une seconde avant l'impact», conclut le directeur du BEA. L'autre enregistreur de vol (CVR), contenant les conversations de l'équipage, s'est révélé pour le moment inexploitable en raison d'un défaut de fonctionnement. «Ce dysfonctionnement n'est pas le résultat du crash», a précisé Rémi Jouty, soulignant que cette situation s'était déjà produite dans l'histoire des accidents aériens. Le BEA s'est adressé à des experts en traitement du signal pour tenter d'en extraire des informations. A défaut, une partie du travail du BEA se concentre sur le recueil de données via d'autres sources (tours de contrôle, autres avions dans la zone, etc.). «L'avion n'est pas algérien» Egalement présent, le président de la commission d'enquête du Mali, N'Faly Cisse, a indiqué qu'au total trois groupes de travail ont été formés pour reconstituer la trajectoire, restituer le déroulement du vol et collecter les données. Ces groupes de travail comprennent, outre les experts maliens, des représentants des pays en ayant fait la demande : Algérie, Burkina Faso, Espagne, Etats-Unis, France. Interrogé par El Watan Week-end, le représentant malien a indiqué que les membres algériens de la commission s'y trouvaient au même titre que les autres experts. «L'équipage n'est pas algérien, l'avion n'est pas algérien», a-t-il ajouté. Précédemment, il avait rappelé que son pays a «sollicité et obtenu l'aide du BEA», qui a reçu les boîtes noires le 28 juillet dernier. La France, avec la disparition de 54 ressortissants sur un total de 116 passagers, avait mobilisé ses services dès l'annonce de l'accident d'avion. Dans les jours suivants, un accord avait été conclu pour la centralisation des investigations en France ainsi que le rapatriement de tous les corps à Paris pour leur identification. Les investigations se poursuivent et N'Faly Cisse a annoncé qu'un rapport d'étape sera présenté en septembre prochain.