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«La situation en Libye porte de graves dangers pour la stabilité régionale»
Smaïl Chergui. Commissaire de l'UA pour la paix et la sécurité
Publié dans El Watan le 12 - 08 - 2014

Commissaire de l'Union africaine pour la paix et la sécurité, l'ambassadeur algérien Smaïl Chergui a fait grincer bien des dents quand il a affirmé, récemment, que l'opération militaire française, au nord du Mali, a déstructuré les groupes terroristes mais n'a pas réduit leur menace. Dans cet entretien, il évoque le sommet Afrique-USA qui vient de s'achever, la situation en Libye et les dangers qu'elle entraîne, la lutte contre le terrorisme, la mise en place d'une force africaine d'intervention immédiate…
- Le sommet Afrique-USA s'est terminé avec des promesses d'aide au développement. Qu'attend l'Afrique des Etats-Unis et, surtout, qu'espèrent obtenir ces derniers en contrepartie ?
Par leur geste concret de 110 millions de dollars/an pour le maintien de la paix, les Etats-Unis ont rendu justice aux soldats de la paix de l'Union africaine (UA) qui sont souvent intervenus dans des conditions difficiles et compliquées pour stabiliser des situations de crise et éviter de nouveaux génocides. Les autres annonces concernent l'investissement d'entreprises américaines dans des secteurs-clés tels que l'énergie, les infrastructures, l'agriculture...
Nous avons, par ailleurs, insisté sur la formation et l'industrialisation pour ne pas continuer à exporter des emplois, tout autant que l'urgence de mettre fin au flux illicite de capitaux. L'intérêt pour l'Afrique est universel. Car c'est une région qui enregistre un taux de croissance élevé et regorge de ressources et d'opportunités d'investissement, avec une main-d'œuvre jeune et abondante.
- Qu'est-ce qui fait courir les grandes puissances en Afrique ?
L'Afrique est un continent d'opportunités. Elle dispose d'immenses ressources, dont sa population jeune, dynamique et créative. C'est un réservoir de croissance pour le monde. De plus, dans le contexte actuel de globalisation, la sécurité collective (telle que conçue par la Charte des Nations unies) et autres défis planétaires (tels le changement climatique) supposent que les problèmes de l'Afrique mobilisent aussi l'énergie des acteurs extra-africains. A nous, Africains, de savoir tirer profit de ces opportunités.
- De nombreux pays africains, confrontés aux défis sécuritaires, regorgent de richesses naturelles. Sont-ils «victimes» de ces ressources ou de la mauvaise gouvernance ?
Les défis sécuritaires auxquels sont confrontés les pays africains procèdent de multiples facteurs, tant internes qu'externes. L'on ne saurait donc réduire ces problèmes sécuritaires à une seule variable : l'existence de ressources naturelles gigantesques pour le contrôle desquelles des acteurs politiques et sociaux s'opposent, y compris par la voie de armes. Ces ressources offrent des opportunités de développement à saisir pour jeter les bases du développement durable et lutter contre la pauvreté.
Des exemples montrent que des avancées ont été enregistrées sur ce plan. Evidemment, je ne peux nier l'importance que revêt la bonne gouvernance dans la prévention structurelle des conflits. Celle-ci touche non seulement la sphère économique, mais aussi politique. Ainsi que l'ont souligné les instances compétentes de l'UA, y compris le Conseil de paix et de sécurité (CPS), les crises sécuritaires que l'Afrique connaît procèdent en partie de problèmes de gouvernance.
De fait, au cours des deux décennies écoulées, l'OUA/UA a prêté une attention soutenue à la problématique de la gouvernance. De nombreux instruments portant sur les processus de démocratisation et les élections, les droits de l'homme, la transparence dans la gestion et la lutte contre la corruption ont été adoptés. Ces instruments constituent un cadre cohérent de normes et de principes dont le respect contribuera considérablement à la réduction du risque de conflits et à la consolidation de la paix là où elle a été réalisée. Le Mécanisme d'évaluation par les pairs mis en place dans le cadre du Nepad participe également de cet objectif. L'Afrique a réalisé des progrès significatifs dans la mise en œuvre de ces instruments. Nous avons, aujourd'hui, des systèmes politiques plus ouverts et transparents.
Et cela explique, en partie, la croissance robuste que la plupart des pays du continent connaissent, celle-ci ne procédant pas seulement du boom des matières premières. Cela dit, un long chemin reste encore à parcourir. Nous devons accélérer le processus de ratification des instruments existants par les Etats membres, assurer une plus grande dissémination de ces instruments afin que les populations africaines et la société civile se les approprient et renforcer le respect des engagements pris.
- Des experts lient certaines guerres et situations de violence à des intérêts politico-économiques de grandes puissances. Etes-vous d'accord avec ces analyses ?
Je n'ai pas de réponse….
- Depuis quelques années, au nom de la lutte contre le terrorisme, l'Europe, à sa tête la France, et les Etats-Unis se disputent le continent où le nombre de soldats étrangers est de plus en plus important. Peut-on lutter contre le terrorisme avec des forces extracontinentales ?
Le terrorisme est certainement un des plus grands défis sécuritaires auxquels le continent est confronté. Les situations que nous connaissons dans la région sahélo-saharienne, au Nigeria et dans la Corne de l'Afrique, notamment en Somalie et au Kenya, témoignent, si besoin est, de l'ampleur des problèmes qui se posent. L'OUA/UA a été pionnière dans la lutte contre ce fléau comme le montre l'adoption, en 1999, de la Convention d'Alger sur la prévention et la lutte contre le terrorisme, suivie en 2004 de celle d'un Protocole additionnel. Il importe également de faire mention de la mise en place du Centre d'étude et de recherche sur le terrorisme, dont le siège est à Alger.
Malgré les moyens encore limités qui sont les leurs, ce Centre et la Commission de l'UA jouent un rôle important dans le renforcement des capacités africaines à travers la formation et l'échange d'expériences et la consolidation de l'arsenal juridique existant, dont l'interdiction du paiement de rançons aux groupes terroristes. Nous travaillons notamment à la mise en place d'un mandat d'arrêt africain, au renforcement de la coopération et de la collaboration entre les Etats africains au regard de la nature transnationale du fléau du terrorisme.
Sur le terrain, nous avons mis en place nombre de dispositifs pour traiter des aspects spécifiques à certaines régions : le Processus de Nouakchott sur le renforcement de la coopération sécuritaire et l'opérationnalisation de l'Architecture africaine de paix et de sécurité dans la région sahélo-saharienne, l'Initiative de coopération régionale pour l'élimination de l'Armée de résistance du Seigneur qui regroupe les pays affectés par les activités de ce groupe terroriste, et l'Amisom, dont l'un des objectifs est de neutraliser le groupe des shebab en Somalie et d'aider à l'extension de l'autorité de l'Etat somalien. Nous envisageons de lancer une initiative pour contrer les activités du groupe Boko Haram au Nigeria et dans les pays voisins.
Comme vous le voyez donc, l'Afrique est active sur le terrain de la lutte antiterroriste. Elle s'est dotée d'outils normatifs, institutionnels et opérationnels à cet effet. Début septembre, le CPS tiendra un sommet à Nairobi pour faire le bilan de nos efforts et convenir de la marche à suivre pour renforcer notre action collective. Ce que nous attendons de nos partenaires internationaux, c'est qu'ils soutiennent nos efforts car, en dernière instance, seuls les Africains peuvent, de manière durable, faire face au fléau terroriste.
- Le continent semble se transformer en plaque tournante de la criminalité organisée et du terrorisme. Est-ce les conséquences du sous-développement ou des guerres et des coups d'Etat souvent fomentés dans l'intérêt de certaines puissances ?
Comme je l'ai dit, le continent est confronté au fléau du terrorisme qui est, lui-même, de plus en plus lié à la criminalité transnationale organisée, notamment le trafic de drogue. Ce phénomène procède de plusieurs facteurs, certains sont globaux, d'autres plus localisés.
Prenez, par exemple, le trafic de drogue. L'Afrique est, pour l'essentiel, un lieu de transit : elle ne joue pas de rôle essentiel dans la production et la consommation de cette substance.
Par-delà les analyses des uns et des autres, une chose est certaine : la lutte contre le terrorisme et la criminalité requiert une étroite coopération entre les différents membres de la communauté internationale. Cette lutte ne peut être gagnée par un pays ou une région agissant seuls. L'Afrique est déterminée à jouer pleinement le rôle qui lui revient à cet égard. Aussi le lancement à Alger d'Afripol souligne cette détermination et donnera à l'Afrique un outil précieux d'action et de coordination dans la lutte contre toutes formes de criminalité.
- La France a déployé une force d'intervention mobile de Nouakchott à Djibouti. Que peut-on espérer de cette force, surtout qu'en Libye, le chaos engendré par l'intervention militaire n'est toujours pas résolu ?
L'UA s'emploie à renforcer les capacités africaines pour permettre au continent de relever les défis multidimensionnels auxquels il est confronté dans le domaine de la paix et de la sécurité. Les efforts que nous déployons pour rendre opérationnelle l'Architecture africaine de paix et de sécurité participent de cet objectif. Je voudrais, en particulier, relever l'action conduite s'agissant de l'opérationnalisation de la Force africaine en attente et de sa capacité de déploiement rapide.
Notre objectif est d'atteindre la pleine capacité opérationnelle en 2015. Un exercice de terrain, appelé Amami Africa II, est prévu à cet effet début 2015. En attendant, nous nous employons à mettre effectivement en place la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises (Caric), dont la création a été convenue par les chefs d'Etat et de gouvernement en mai 2013. Encore une fois, seuls les Africains pourront assurer la sécurité du continent. Tout soutien international ne peut constituer qu'un appoint et non se substituer à ce que le continent entreprend.
- La Libye est en train de se désintégrer devant l'impuissance de ceux-là mêmes qui ont accéléré l'intervention militaire pour faire tomber le régime El Gueddafi. Comment voyez-vous la situation ?
La Libye traverse une période particulièrement difficile. La situation actuelle porte en elle le risque de l'éclatement de l'Etat libyen et de la remise en cause irrémédiable de la cohésion de la société libyenne, avec de graves dangers pour la sécurité et la stabilité régionales. Aucun effort ne doit être ménagé pour hâter le règlement de cette crise. L'UA y prend toute sa part. Elle a récemment nommé un envoyé spécial pour la Libye en la personne de Dileita Mohamed Dileita, ancien Premier ministre de la République de Djibouti. Il s'est déjà rendu à Tripoli où il a rencontré les autorités de transition et d'autres parties prenantes.
Il a également visité plusieurs pays voisins de la Libye, à savoir la Tunisie, l'Egypte, l'Algérie et le Niger. Il devrait se rendre très prochainement au Soudan et au Tchad. Sur la base de ces consultations, la présidente de la Commission se propose de soumettre au Conseil de paix et de sécurité de l'UA des recommandations spécifiques sur les voies et moyens d'un soutien accru de l'Afrique aux efforts de stabilisation de la situation et de parachèvement de la transition en cours.
Sans préjudice des décisions que prendra en temps voulu le CPS, il est évident que les pays de la région, qui portent le poids de la crise, ont un rôle crucial, je dirais même central, à jouer. Je relève avec satisfaction les initiatives qu'ils ont prises de concert avec la Commission de l'UA, notamment la mise en place d'un groupe ministériel sur la Libye qui a tenu sa première réunion à Hammamet (Tunisie) à la mi-juillet 2014. J'ai pris part à cette rencontre avec l'envoyé spécial de l'UA. Deux comités ont été établis : l'un sur les questions politiques sous la coordination de l'Egypte, l'autre sur les questions sécuritaires sous la coordination de l'Algérie.
Les deux comités viennent de se réunir au début de ce mois, avec la participation de la Commission de l'UA et la prochaine réunion ministérielle se réunira au Caire fin août. Nous lançons donc un appel pressant à nos partenaires internationaux pour qu'ils soutiennent pleinement les efforts de la région.


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