Si l'on en croit Algérie Télécom, la 4G fixe – ou LTE – lancée il y a quelques semaines, ravit ses utilisateurs ! 4000 entreprises dans les 48 wilayas utiliseraient déjà ce nouveau service fourni par l'opérateur public. Lequel promet des offres pour les particuliers d'ici les prochaines semaines. La réalité est beaucoup moins rose. En témoigne l'expérience d'un chef d'entreprise algérois, qui a souscrit à la 4G LTE depuis deux mois : «C'est simple, la connexion plante un jour sur deux.» Rien d'étonnant pour Younès Grar, consultant IT : «La 4G LTE utilise le réseau Algérie Télécom. Donc, si les abonnés ADSL et les abonnés à la fibre optique rencontrent des problèmes, ceux de la 4G fixe en auront aussi.» «La 4G LTE utilise une technologie sans fil, ajoute Younès Grar. Il y a des problèmes de couverture liés à l'éloignement. Plus vous êtes loin de l'antenne, plus il y a des problèmes de qualité.» A cela s'ajoute un écueil commercial. Les deux offres actuellement proposées limitent le haut débit à un volume restreint de données : 5 ou 10 Giga-Octets (Go). La première formule coûte 3500 DA/mois, la seconde 6500 DA/mois. Au-delà de cette consommation, la vitesse de connexion redescend brutalement à 512 Kbps. Or, ces volumes sont facilement atteignables en entreprise. Imaginons un employé qui passe 4 heures par jour sur Internet, qui s'autorise à écouter une chanson et qui consulte six photos et une vidéo au quotidien. Selon les simulateurs de data, cet employé consommerait par mois 1,7 Go de données. Trois employés comme lui suffisent à épuiser la première offre d'AT. Trois autres et c'est le second forfait qui est inadapté. Il va de soi que les quotas actuels sont loin d'être intéressants pour les entreprises qui traitent un fort volume de données, type médias en ligne. Azouaou Mehmel, PDG d'Algérie Télécom, en a conscience, lui qui qualifiait le réseau 4G, la semaine dernière dans El Watan, de «connexion de secours.» Dernière interrogation : le choix de privilégier le fixe, avec un déploiement de la 4G LTE dans les cybercafés, quand l'Internet mobile connaît une croissance fulgurante ailleurs dans le monde. La 4G mobile ne serait lancée en Algérie que fin 2015, si l'on en croit les déclarations en mars dernier de la ministre des PTT, Zohra Derdouri. C'est une question de coût, pour Azouaou Mehmel. «Nous n'avons pas en Algérie une économie numérique qui peut financer et rétro-financer les infrastructures nécessaires», a-t-il déclaré début août au site NTIC Web.