Les statistiques annoncent pas moins de 12 700 élèves issus de familles démunies à bénéficier de la prime de scolarisation fixée à 3000 DA et quelque 10 000 autres de trousseaux scolaires. Surcharge des classes, encadrement défaillant, conditions pédagogiques difficiles dans des régions pétrolières pour la plupart... A commencer par la rentrée scolaire nationale unifiée, qui débute en pleine canicule dans de nombreuses localités du sud du pays. Ce sont, rappelons-le, des wilayas ayant la caractéristique commune d'être les plus chaudes du pays, reines de la fin du peloton du secteur de l'éducation nationale, cumulant à elles seules toutes les tares d'un système qui va mal : mauvais résultats scolaires, insuffisance d'infrastructures, instabilité et absence d'un encadrement compétent dans les matières principales, notamment les mathématiques et la physique et évidemment les langues étrangères, l'éternelle tare du système éducatif au sud du pays. Réalité climatique Mauvais signe, cette incompréhension de la réalité climatique pourtant dûment exprimée. Ce décalage entre le centre et l'intérieur du pays fait que les vrais problèmes sont mis en sourdine et qu'une donne aussi importante que vitale pour des milliers d'élèves, notamment ceux du palier primaire, soit éludée. Il s'agit évidemment de la situation des établissements primaires honteusement délabrés, inhospitaliers, glacés l'hiver et brûlants l'été. Des écoles non dotées d'équipements de base et encore moins de climatisation et faiblement équipées en ventilateurs. Résultat : un consensus tacite chez la famille éducative qui, bien qu'ayant effectué une rentrée scolaire normale le 7 septembre dernier, laisse la porte ouverte à la clémence. La quasi-totalité des bambins ne se présentent donc que la matinée aux cours. La séance de 13h-14h30 marquant le pic de température caniculaire de la journée saute du programme. Officieusement certes, mais «la direction laisse faire, les enfants sont arrivés assommés dimanche après-midi, impossible de tenir un cours dans ces cages en béton chauffées à blanc», nous explique une enseignante. Ouargla, instabilité, absentéisme et double vacation Le secrétaire général de la Fédération des associations des parents d'élèves de la wilaya de Ouargla fait un constat amer sur la rentrée 2014-2015, estimant que ce retour des classes est décevant et n'a pas satisfait les aspirations de la famille de l'éducation, des parents et des élèves à la fois. Il constate le manque de moyens pédagogiques nécessaires au bon fonctionnement des classes et le manque d'encadrement dans beaucoup de localités éloignées qui continuent de «souffrir des mêmes problèmes depuis vingt ans», estime-t-il. Au moment où 55 000 élèves ont bénéficié de la prime scolaire, le wali de Ouargla, qui avait fait de l'année 2014 celle de l'éducation, persiste et signe. Il met le cap sur les lycées et l'université de Ouargla en mettant en œuvre un programme de travail axé sur le développement des lycées et l'amélioration des résultats au bac. Il faut reconnaître le mérite de l'actuel staff de la direction de l'éducation de la wilaya de Ouargla qui a décidé de crever l'abcès et affronter une réalité longtemps tue. Tout en reconnaissant les insuffisances actuelles dans la prise en charge des écoles primaires, véritable creuset du secteur, M. Mestour estime que l'instabilité des enseignants et le taux élevé d'absentéisme au sein de l'encadrement pédagogique sont les problèmes majeurs de son secteur. 20 782 jours d'absence durant l'année scolaire écoulée, un recours systématique aux arrêts de travail. Dans cette wilaya universitaire, figurant aussi au bas du classement en la matière, un regain d'intérêt pour les zones reculées et les localités périphériques veut booster un secteur en décalage avec les aspirations et les potentialités de la wilaya. Dans une wilaya où des dizaines de projets de réalisation de nouvelles infrastructures ou de renforcement de ceux existants sont lancés ou en cours de réalisation, la double vacation est devenue la règle. D'ailleurs, les parents d'élèves de l'école primaire de Haï Boudraâ de Rouissat, commune de prolongement du chef-lieu de wilaya, ont décidé de boycotter la rentrée pour protester contre la surcharge des classes. Dans cette petite école, 200 élèves se relayent sur deux classes, alors que la troisième a été aménagée en cantine. Ghardaïa, frictions aux portes de l'école Alors que le coup d'envoi de la rentrée scolaire a justement été effectué à partir de cette wilaya meurtrie par plus de 10 mois de conflits, la reprise des cours se fait dans un climat de tension sourde. Une délégation de la communauté mozabite a tenu, mardi matin, un sit-in devant la wilaya, demandant à s'entretenir avec le wali. Ces derniers contestent les affectations d'enseignants malékites dans leurs quartiers et déplorent le refus de la tutelle de maintenir la situation imposée de force l'année dernière, consistant en la mise en place d'un système d'enseignement parallèle optant pour des enseignants bénévoles à l'école publique. La délégation persiste et signe, le ministère doit revoir les listes des enseignants reçus au concours et procéder au recrutement desdits enseignants bénévoles. A Ghardaïa, on annonce une vaste opération de réhabilitation des établissements scolaires avec une dotation budgétaire de 480 millions de dinars qui a déjà touché 39 écoles primaires, 25 collèges et 15 lycées entièrement rafraîchis et équipés. Mais on sait déjà que le problème de Ghardaïa n'est surtout pas d'ordre infrastructurel, puisque l'idée en vogue actuellement tend vers la scission communautaire des écoles. Illizi, en deçà des normes La direction de l'éducation de la wilaya d'Illizi annonce un renforcement des structures scolaires, notamment dans la daïra de Djanet, ainsi que 115 nouveaux enseignants, soit 20 recrutés pour le cycle secondaire, 37 pour le moyen et 58 pour le primaire. Les statistiques annoncent aussi pas moins de 12 700 élèves issus de familles démunies à bénéficier de la prime de scolarisation fixée à 3000 DA et quelque 10 000 autres de trousseaux scolaires. La pauvreté est plus apparente à l'occasion de la rentrée scolaire dans cette wilaya pétrolière de l'extrême sud du pays, où les parents d'élèves restent soucieux quant au rattrapage du retard accusé dans la réception de certaines infrastructures scolaires, telles que le lycée et le CEM d'In Amenas, le lycée de Bordj El Haouès et le CEM d'Azzelouaz dans la commune de Djanet, dont les travaux de réalisation tirent à leur fin mais rien n'augure d'un réception rapide en ce mois de septembre. Une rentrée aux multiples visages où la réalité du terrain semble indiquer que la scolarisation des enfants n'a pas encore atteint les normes pédagogiques requises pour permettre de réaliser un équilibre entre l'amélioration des conditions de travail des enseignants et offrir aux élèves un cadre propice pour la construction de leur parcours scolaire. Il reste certain qu'entre instabilité de l'encadrement et conditions matérielles difficiles, la situation actuelle du secteur de l'éducation à Illizi est en deçà des attentes. Les élèves arrivés avec beaucoup de mal en classe de terminale, une minorité accède à ce précieux sésame et une grande partie de ceux qui ont pu décrocher leur bac connaissent un échec dès la première année universitaire !